L’Algérie malade de son Président

l y a quelque chose de vraiment malsain dans la communication officielle au sujet de l’état de santé du Président. Nos responsables, qui sont visiblement hors champ des opérations du Val-de-Grâce, rivalisent en déclarations tâtonnantes et faussement rassurantes, donnant ainsi une image de République perdue. Les ministres se mettent à la queue leu leu pour dire leur petit mot : le Président «va bien», il est en «bonne santé» ou encore «il rentrera dans quelques jours»…

Il faut admettre que tout cela n’est pas sérieux. Personne en Algérie ne pourra croire un diagnostic optimiste d’un Amar Ghoul qui a du mal à «soigner» son autoroute bâclée ou celui de Amara Benyounès qui peine à transformer le visage hideux de nos (bidon)villes. Il suffit d’aller sur les réseaux sociaux pour constater que nos ministres n’ont pas réussi leur conversion en médecins de circonstance pour assurer et rassurer sur la santé du Président. Ne pouvant en dire un peu plus que la petite récitation officielle, les troupes de Sellal et les autres pontes du pouvoir foncent contre la presse, «coupable» de chercher ici et ailleurs quelques éléments d’information sur la santé du Président.
Question à un dinar symbolique : que peuvent faire les journalistes et les acteurs politiques quand ceux qui nous gouvernent les tiennent loin des affaires du pays ?

A moins de postuler que l’Algérie leur appartient de droit ou de jure, rien ne justifie leurs récurrentes jérémiades à coups de «pêcheurs en eau trouble», «coup d’Etat médical», «prêcheurs du désespoir», «brailleurs» et autres épithètes dégradantes dont sont affublés tous ceux qui se posent des questions – légitimes au demeurant – sur la maladie du Président et, plus généralement, celle du pouvoir. Ces commentaires désobligeants cachent mal la faillite totale des communicateurs officiels qui, faute de pouvoir informer les Algériens en temps réel pour tuer les rumeurs, s’en donnent à cœur joie à leur sport favori : désigner les journalistes et les hommes politiques à la vindicte populaire. Le moindre doute sur l’état de santé du chef de l’Etat équivaut ipso facto à un crime de haute trahison…
Tout se passe comme si la nationalité algérienne et l’amour du pays se mesuraient à l’aune de la proximité et de l’affection qu’on peut avoir à l’égard du Président.

Il ne reste plus qu’à lancer une fatwa contre «les empêcheurs de penser en rond». Abdelkader Bensalah n’est certainement pas plus Algérien que Soufiane Djilali. Loin s’en faut. Pas plus que ne l’est d’ailleurs Amar Ghoul du général Mohand Tahar Yala qu s’est fendu d’un véritable réquisitoire contre Bouteflika.

En l’occurrence, la sympathie toute humaine qu’on peut avoir vis-à-vis du président Abdelaziz Bouteflika souffrant ne le dispense pas d’un droit d’inventaire. Sur ce plan, n’en déplaise à ses supporters zélés et autres alliés et ralliés, son bilan constitue son boulet. Vouloir transformer le règne calamiteux de Bouteflika par la magie des larmes de crocodile ne servirait pas l’Algérie de demain. En voilà une autre façon d’aimer son pays.

Hassan Moali

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