Kouchner : « le Maroc est un pays avancé, un pays où l’islam n’est pas oppressif »

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré, dimanche, s’attendre à des critiques dans le monde à propos du projet de loi interdisant le port du voile intégral en France.

Kouchner : « le Maroc est un pays avancé, un pays où l’islam n’est pas oppressif »
Selon le ministre, les critiques ou protestations devraient émaner, notamment, du Pakistan, de la Turquie et de l’Arabie Saoudite. Mais, a souligné M. Kouchner, d’autres pays musulmans comprendraient citant l’exemple du Maroc.

"Le Maroc comprendra. C’est un pays avancé. Un pays où l’islam n’est pas oppressif." A-t-il dit.

Pour M. Kouchner, » 80 % des musulmans de France ne souhaitent pas enfermer la femme » dans un voile intégral. « C’est aussi une question de dignité de la femme. Vous trouverez très peu de femmes qui sont contre cette loi en dehors des fraîches converties qui, elles, ne sont pas d’origine musulmane ».

« Nous sommes pour la liberté religieuse et il n’y a aucune recommandation religieuse de se voiler la face », a-t-il ajouté, soulignant qu’il « ne s’agit pas d’une affaire religieuse mais d’une question de solidarité , de dignité, de compréhension de la marche du monde ».

Le ministre des Affaires étrangères a fait savoir qu’il a exposé la situation au Conseil des ministres, notamment concernant les critiques et protestations que ce projet de loi pourrait susciter à l’étranger.

"C’est ce que j’ai dit au conseil des ministres : les Etats-Unis tiennent à la liberté religieuse et il y aura beaucoup d’ONG et de fondations américaines qui voudront démontrer notre erreur", a-t-il dit à Europe 1 et au journal Le Parisien/Aujourd’hui en France.

"Il y aura aussi bien sûr des pays d’Europe qui vont protester, le Danemark, les Pays-Bas, etc", comme "un certain nombre de pays musulmans, par exemple au Pakistan, en Turquie, où nous serons critiqués.

" Enfin "il y aura un dernier pays, l’Arabie Saoudite, qui dira ‘chez vous vous avez le droit de faire ce que vous voulez, mais chez moi j’ai également le droit de faire ce que je veux, comme par exemple de ne pas faire conduire les femmes’", a fait valoir le ministre.

Une période de pédagogie de six mois à deux ans

Interrogé pour savoir s’il était pour l’interdiction totale de la burqua, il a répondu : "Faire la différence entre lieux publics et pas publics est finalement un peu démagogique et pas possible."

"Nous avons peut-être besoin d’une loi, j’ai compris que pour la dignité de la femme, il fallait le faire. », a expliqué M. Kouchner.

M. Kouchner s’est prononcé en faveur d’une "période de pédagogie, de six mois à deux ans", pendant laquelle la loi devrait être expliquée et non pas appliquée à la lettre. Une éventualité écartée par le secrétaire général de l’UMP (majorité présidentielle), Xavier Bertrand, estimant que la pédagogie devrait se faire "en même temps".

"Ca fait partie des modalités précises qu’il reste à trouver", a-t-il ajouté, à propos du projet de loi qui doit être présenté au conseil des ministres le 19 mai avant un examen à l’Assemblée nationale en juillet.

Le texte projetterait de punir de 150 euros d’amende le port du voile intégral et d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende le fait de l’imposer à une femme.

Le quai d’Orsay avait demandé à ses diplomates d’étudier quelle serait la réaction des pays arabo-musulmans à l’adoption d’une loi interdisant le port du voile intégral en France.

En 2004, le vote de la loi sur l’interdiction du port du voile à l’école avait été mal compris à l’étranger, en raison d’un manque d’explications auprès des populations locales. Paris veut éviter pareille incompréhension avec la burqa.

« Le problème, souligne un diplomate, c’est que dans cet exercice de diplomatie d’influence, nous ne pouvons pas compter sur nos think tank pour faire passer des messages aux groupes islamistes avec lesquels nous n’avons pas de relations, contrairement aux Britanniques ou aux Suisses par exemple. ».

Selon ce diplomate, si la Suisse s’est plutôt bien sortie de l’affaire des minarets, c’est en partie grâce aux messages transmis par des universitaires ou d’autres spécialistes auprès de relais dans les opinions musulmanes.

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