Joyeux ramadan J-27: « Le rire, c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie »

– Par Narjis Rerhaye –

Maintenant que la Nuit du destin est passée et que les mosquées ont fait le plein –cher, le centimètre à la mosquée dans la nuit du 26 au 27 ramadan-, tu décides qu’il est temps de ne plus se voiler la face. Après ton laïus sur la société schyzo, tu décides aujourd’hui d’énumérer les dysfonctionnements, les faux semblants, les hypocrisies. Bref tu décides d’être désagréable. Ce que ta mère n’apprécie pas des masses, parce qu’elle a appris, elle, à s’accommoder avec une société qui fait le contraire de ce qu’elle dit.

C’est ta cousine la communicante qui veut faire carrière dans le digitale, qui débute la matinée en mettant de l’eau à ton moulin. Lorsqu’elle t’apprend que les requêtes pornographiques sur Google ont chuté au Maroc les premiers jours de ce mois sacré pour reprendre de plus belle au cours des trois dernières semaines du Ramadan, tu te donnes raison et t’enfonces plus encore dans la mauvaise humeur. Tes compatriotes sont schyzo à mort. Ta cousine en rajoute une couche vu qu’elle est la meilleure fan de Hajj Google. « Au cours des 30 derniers jours et en utilisant les mots clé « sexe » ou « porno », l’analyse comparative effectuée sur Google Trends, montre que la tendance s’est inversée à partir de la deuxième semaine et que les internautes marocains ont repris leurs bonnes vieilles habitudes en cherchant du contenu à caractère porno, mois de recueillement ou pas ! », s’exclame-t-elle sur le ton de celle qui a inventé l’eau chaude ou au mieux le fil à couper le beurre.

Et comme tu es de méchante humeur, tu t’ordonnes d’être encore plus désagréable. Tu appelles ton père –ce qui t’arrive tous les 36 de fin de mois difficiles- et tu craches ta valda sur la libéralisation du prix des carburants qui ne profitent qu’aux seuls distributeurs. Ton père n’en attendait pas plus pour faire son « Che » et annoncer qu’il était prêt à monter à Al Hoceima et rejoindre le hirak pour défendre les droits des citoyens utilisateurs de mazout et autre essence. « Non mais allô quoi ! » avait-il ajouté pour montrer sa détermination sans faille.

Tu continues d’égrener les dysfonctionnements, les hypocrisies, les faux semblants de ta société. Tu penses à ce conseil de la concurrence plongé dans le coma mais dont le président déclare quand même que le gouvernement empiète sur ses prérogatives sur la question des pétroliers. Tu parles de prérogatives pour un conseil qui ne se cache même plus pour mourir. Tu penses au secrétaire général du PJD qui n’est pas contre un 3ème mandat et qui est prêt à changer les statuts de son parti juste pour ça. Tu penses aussi à Chabat qui veut rester leader contre vents et marées et à Akhennouch qui a été fait leader contre vents et marées. Tout d’un coup tu réalises que tu n’es plus marrant. Que tu n’as aucun humour. Et que même l’ironie, cette forme polie du désespoir, t’échappe. Ta tante dite bent l’ONEP, une fidèle du Marrakech du rire, ne se gêne pas pour te le faire remarquer. T’as pas envie de lui rétorquer. Tu penses juste à cette réplique culte de Gérard Jugnot et tu es sûr qu’elle ne doit même pas le connaître. « Le rire, c’est comme les essuie-glaces. Ca permet d’avancer mais ça n’arrête pas la pluie ».

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