Journée mondiale de l’Alzheimer: un défi sanitaire pour la science

La maladie d’Alzheimer, qui touche de plus en plus de millions de patients dans le monde, représente un véritable défi pour la recherche qui n’a pas encore trouvé le moyen de la guérir.

Journée mondiale de l
Le défi sanitaire est d’autant plus grand que s’annonce à moyen terme une explosion des démences dont l’Alzheimer est la forme la plus courante : elles touchent déjà plus de 35,5 millions de personnes dans le monde, dont 7 millions d’Européens (+ 850.000 en France), et, selon l’OMS, le nombre de malades devrait doubler d’ici 2030 (en passant à 65,7 millions) puis plus que tripler d’ici 2050 (pour atteindre les 115,4 millions).

ux Etats-Unis, rançon de l’augmentation de l’espérance de vie et du vieillissement, la démence, comme la maladie d’Alzheimer, coûte déjà plus cher que le cancer et les maladies cardiovasculaires, selon la Rand corporation (organisme privé à but non lucratif).

Des enjeux que la 20e édition de la journée mondiale de lutte contre la maladie, organisée samedi, promet de rappeler.

La maladie est caractérisée par des "plaques" séniles ou dépôts de peptides bêta-amyloïdes ainsi que par une dégénérescence neurofibrillaire, liée à la protéine tau anormale ("phosphorylée") qui s’accumule dans les neurones et propage leur destruction. En dépit des progrès, la recherche s’attache encore à mieux comprendre l’enchaînement de la "cascade" d’évènements qui aboutit à la mort des neurones et en particulier à mieux élucider les premières altérations.

Bénéfices de l’activité

"La recherche ne va pas assez vite et les modèles animaux sont imparfaits", concède le Pr Philippe Amouyel, directeur de la Fondation nationale Alzheimer (France). En effet, ce qui peut donner "des résultats remarquables chez la souris peut s’avérer médiocre et décevant chez l’homme", note le Pr Charles Duykaerts (Institut du cerveau-ICM, Paris) en évoquant les premiers essais de vaccination. Les lésions étaient peut-être déjà à un stade irréversible de destruction des neurones, relève le Pr Amouyel.

Selon lui, pour stopper l’engrenage fatal – "une chance sur cinq d’être touché à + de 80 ans -, il faudrait sans doute intervenir bien avant l’apparition des symptômes", ce qui suppose de pouvoir diagnostiquer très précocement le risque d’Alzheimer, quasiment dix ans avant les premières manifestations cliniques de la maladie.

Tests neuropsychologiques, dosage sur le liquide dans lequel baigne la moelle épinière, génétique, imagerie avec l’arrivée du PET scan (tomographie par émission de positrons) font partie des instruments d’exploration.

Des études sont ainsi conduites pour mieux déterminer les personnes à risque comme l’étude 3C (3 cités, Bordeaux Montpellier Dijon) sur une cohorte de 10.000 personnes ou encore Memento, plus récente, qui regroupera au final 2.300 personnes recrutées dans des centres de mémoire universitaire. Autre exemple, aux Etats-Unis, indique le Pr Duykaerts, une étude sur des patients âgés propose de traiter ceux qui accumulent la protéine bêta-amyloïde par immunothérapie passive (des anti-corps dirigés contre cette protéine).

Dans le cadre du consortium international IGAP, animé par l’Inserm, une vingtaine de gènes (dont une dizaine à paraître) qui prédisposent à la maladie dans sa forme sporadique (non familiale) offriraient de nouvelles pistes susceptibles d’aider au développement de traitements et de méthodes de dépistage.

Mais bien des mystères demeurent : pourquoi, par exemple, les protéines mal repliées d’un sujet atteint se propage (par injection) dans le cerveau d’une souris saine et déclenche la maladie à la manière du prion de la vache folle?

Stimuler son esprit, conserver une activité, et même travailler plus longtemps comme l’ont montré des études française et américaine, diminueraient le risque de développer la maladie ou du moins en retarderaient l’apparition. Et ce n’est pas à négliger, soulignent les spécialistes.

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