Jeudi noir en France : SNCF, étudiants, Air France… Une journée pour faire « converger des luttes »
Ce jeudi, à l’appel de la CGT et de Solidaires, quelque 133 manifestations sont annoncées dans le pays. Tour d’horizon des mécontentements.
Les transports ferroviaires sont ainsi largement perturbés depuis début avril, avec deux jours de grève tous les cinq jours, à la SNCF. L’opérateur ferroviaire français est secoué par un mouvement de protestation contre la réforme du rail. Celle-ci entend notamment mettre fin au statut avantageux des cheminots, incluant, entre autres, l’emploi à vie. Le gouvernement affirme que cette réforme est nécessaire pour améliorer la rentabilité de la SNCF dans la perspective de l’ouverture du secteur à la concurrence. Jeudi, la SNCF prévoit un TGV sur trois et deux trains régionaux sur cinq en circulation.
Les fonctionnaires dans les starting-blocks
D’autres arrêts de travail viendront s’ajouter jeudi à la grève du rail : dans l’énergie, des « coupures ciblées » sont annoncées par la CGT « en direction des entreprises où les employeurs licencient » ; certaines crèches et écoles devraient rester fermées, et des débrayages sont prévus à La Poste, ainsi que chez certains fonctionnaires et dans l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France). Le métro parisien devrait cependant fonctionner « normalement », selon la direction, en dépit d’un appel à la grève lancé par la CGT du secteur.
Les étudiants, en revanche, devraient eux rester mobilisés. Plusieurs universités sont bloquées, en pleine période d’examens, par des opposants à une réforme Macron accusée d’instaurer une « sélection » à l’entrée à l’université. Depuis mercredi, le mouvement a gagné la prestigieuse école Sciences Po, à Paris, en partie occupée.
Outre ces mobilisations, la grogne monte également dans le secteur de la santé, notamment dans les maisons de retraite médicalisées, et persiste à Air France, qui sort d’une 9e journée de grève sur des revendications salariales. Enfin les fonctionnaires, qui s’opposent aux suppressions de 120 000 postes prévus sur un total de 5,4 millions, organiseront une 3e journée de grève le 22 mai, à l’appel de tous les syndicats, unanimité extrêmement rare.
Ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT
Mais le président Emmanuel Macron a dit ne pas croire à la « coagulation » des « mécontentements », estimant que les différents mouvements avaient « peu à voir » entre eux. Il est vrai que la « convergence des luttes » de jeudi reste plus pour l’instant un appel isolé, les autres syndicats refusant de s’y joindre. « Ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT », déclarait fin mars Laurent Berger, leader de ce syndicat plus modéré, jugeant que la convergence « ne permet jamais d’avoir des résultats concrets pour les travailleurs ».
En revanche, la CGT ne désespère pas de rallier Force ouvrière, autre grand syndicat, à sa position. Aujourd’hui réfractaire à la « convergence des luttes », le syndicat pourrait changer de ligne après son congrès fin avril. Pascal Pavageau, qui va succéder à Jean-Claude Mailly à la tête de FO, est ouvert à une « unité d’action ». La CGT semble ici jouer son va-tout dans la réussite de la « convergence », tant le gouvernement refuse pour l’instant de céder, et alors que le nombre de grévistes à la SNCF commence à reculer par rapport au début du mouvement.