Jean-Dominique Senard, de Michelin à la succession de Carlos Ghosn

Il avait prévu de passer la main en mai 2019 après sept ans à la présidence de Michelin: Jean-Dominique Senard, un temps pressenti pour diriger le Medef, devrait prendre la tête du conseil d’administration de Renault, après l’arrestation du PDG Carlos Ghosn fin novembre.

Réputé élégant et affable, l’ancien élève d’HEC avait reçu fin janvier un hommage appuyé: celui du président de la République Emmanuel Macron, qui avait qualifié Michelin d’"entreprise modèle" lors d’une visite du centre de technologie de Ladoux, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

"Michelin, c’est un exemple parfait de ces entreprises qui ont à la fois une très grande productivité" et qui "a toujours été attachée dans le même temps au dialogue social et à la formation", avait alors déclaré le président de la République.

Image de patron social

M. Senard, 66 ans en mars, avait planifié sa succession à la tête du deuxième fabricant mondial de pneus pour mai 2019, date à laquelle son directeur général exécutif Florent Menegaux devait lui succéder. Ce dernier pourrait être amené à avancer de quelques mois sa prise de fonction.

Chez Michelin, où il était le premier patron non membre de la famille fondatrice, le natif de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avait mis en pratique son credo: négocier des assouplissements dans l’organisation du travail, pour préserver en France des sites menacés par l’arrivée de produits à moindre coûts en provenance d’Asie.

Physique sec, fils d’un diplomate et d’une mère aristocrate, passé par le collège catholique Sainte-Croix, M. Senard plaide depuis longtemps pour pouvoir négocier le temps de travail avec les salariés au niveau de l’entreprise. Il expliquait en décembre 2015, dans un entretien avec l’AFP, vouloir que "l’accord d’entreprise prenne le pas sur la convention collective, voire la législation".

Des accords de compétitivité novateurs avaient été conclus sur les sites Michelin de Roanne (Loire) et La Roche-sur-Yon (Vendée), prévoyant des investissements et une sauvegarde des emplois en échange de davantage de flexibilité dans les horaires des salariés.

Interrogé sur cette réputation de patron social, Michel Chevalier, délégué syndical de la CGT au sein du groupe Michelin répond à l’AFP: "le dialogue social… A condition d’être d’accord avec la direction." "C’est quelqu’un qui passe bien, qui a une facilité à parler, qui parle de capitalisme raisonné… On ne peut pas dire que cela se passe comme ça dans l’entreprise", estime le syndicaliste.

Ce dernier renvoie notamment à l’accord mettant en place les comités sociaux et économiques (CSE) prévus par les ordonnances travail et signé en octobre 2018 par la CFE-CGC, premier syndicat, et la CFDT, 4e. "Les négociations ont été très difficiles et vont laisser des traces dans le dialogue social chez Michelin", avait alors réagi Jean-Christophe Laourde, délégué central CFE-CGC, regrettant que la direction ait "tordu le bras" au syndicat.

Le dirigeant d’entreprise, qui avait été recruté par Edouard Michelin en 2005 au poste de directeur financier après des passages chez Total (de 1979 à 1987), Saint-Gobain (1987 à 1996) et Pechiney, avait été choisi par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, pour plancher, début 2018 et avec l’ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat, sur le projet d’élargissement de l’objet social de l’entreprise.

Longtemps considéré comme un des favoris pour succéder au printemps 2017 à Pierre Gattaz à la tête du Medef, l’organisation patronale française, M. Senard avait finalement jeté l’éponge en raison de la limite d’âge pour être candidat, fixée statutairement à 65 ans. Au poste de président du conseil d’administration de Renault, l’âge limite est de 72 ans.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite