Italie : vers un compromis pour un nouveau gouvernement d’union ?

Luigi Di Maio, chef de file des antisystème, relance l’hypothèse d’un exécutif populiste, après le veto du président Sergio Mattarella, dimanche dernier.

L’Italie traverse une crise politique, mais Luigi Di Maio pense avoir trouvé une solution pour remettre le pays sur les rails. Le chef de file des antisystème italiens a donc proposé mercredi soir un compromis afin de relancer l’hypothèse d’un gouvernement d’union avec la Ligue, parti d’extrême droite. Et ce, alors que Carlo Cottarelli est en charge de nommer un nouvel exécutif de transition.

L’idée d’un gouvernement d’union entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue (extrême droite) avait été abandonnée dimanche soir à la suite du veto spectaculaire du président Sergio Mattarella à la nomination de Paolo Savona, un économiste eurosceptique, à la tête du ministère de l’Économie et des Finances. Mercredi soir, après une discrète entrevue avec le président italien au palais du Quirinal, le siège de la présidence, Luigi Di Maio a proposé une solution de compromis.

Le frein de Matteo Salvini

« Trouvons une personne de la même envergure que Paolo Savona pour le ministère de l’Économie et des Finances et M. Savona peut rester dans le gouvernement, mais à un autre poste », a-t-il expliqué sur Facebook. Selon des sources de la présidence, Sergio Mattarella « étudie avec attention » cette proposition. « Quand nous avons proposé le professeur Savona, c’est parce qu’il était le meilleur pour être ministre de l’Économie. Si Di Maio a changé d’avis, j’en parlerai avec lui », a réagi de son côté le patron de la Ligue, Matteo Salvini.

Pendant ce temps, Carlo Cottarelli, l’ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) que Sergio Mattarella a chargé lundi matin de constituer un gouvernement pour conduire l’Italie aux élections, a multiplié les navettes et les consultations entre le Quirinal et le Parlement. Selon des sources de la présidence, la composition du gouvernement d’experts de Carolo Cottarelli ne pose pas problème, mais comme aucun des principaux partis ne prévoit pour l’instant de lui voter la confiance, lui et le président ont décidé de laisser du temps aux tractations politiques.

Un flou total

Luigi Di Maio, le dirigeant du M5S, avait déjà relancé l’idée mardi soir d’un gouvernement d’union, sans déclencher un grand enthousiasme de la part de Matteo Salvini, qui a enchaîné toute la journée les meetings de campagne et les bains de foule en Toscane et en Ligurie. « J’ai passé des semaines à Rome à essayer de faire un gouvernement. Cela a été un effort inutile, maintenant je retourne au milieu des Italiens », avait-il déclaré. Il s’est dit prêt à reconstituer un gouvernement politique – par opposition à celui d’experts que Carlo Cottarelli est appelé à former –, uniquement avec le programme commun et l’équipe retoquée dimanche par le président.

« Soit le gouvernement commence avec le contrat signé et approuvé par les Italiens, éventuellement en ajoutant Giorgia Meloni (la patronne d’un petit parti d’extrême droite), soit ceux qui disent toujours non auront gagné », a-t-il clamé, assurant qu’il ne vendrait pas sa « dignité pour dix ministères ». Depuis le report sans explications de l’annonce des noms des membres du gouvernement Cottarelli qui était attendue mardi, les médias se perdent en conjectures.
Les marchés financiers se reprennent

Certains évoquent des démarches d’élus de tous bords en faveur d’élections anticipées dès le 29 juillet, afin de laisser le temps à la prochaine majorité de préparer et d’adopter le budget 2019. Compte tenu des délais d’organisation d’un tel scrutin, la dissolution du Parlement devrait pour cela avoir lieu au plus tard vendredi. En pleine ascension dans les sondages, Matteo Salvini, qui a transformé son parti sécessionniste en une formation souverainiste, opposée à l’euro et à l’immigration, est déjà reparti en campagne. Il doit encore enchaîner une dizaine de meetings jeudi.

Après avoir obtenu 17 % des voix aux élections de mars (contre 4 % à celles de 2013) et supplanté Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, au sein de leur coalition de droite, la Ligue dépasse désormais les 20 % d’intentions de vote (jusqu’à 27 % selon certains sondages), tandis que les autres formations stagnent ou baissent. En dépit de ce climat de complète incertitude, les marchés financiers se sont repris mercredi après plusieurs jours d’une fébrilité qualifiée d’« émotive » par le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco. La Bourse de Milan a clos en hausse de 2,09 % à 2 798 points et le « spread », l’écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, est redescendu à 275 points.

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