Iftar de Manuel Valls à la mosquée d’Evry : « La France ne peut être dans camp contre un autre »

Ils étaient une trentaine à attendre de pied ferme le Premier ministre Manuel Valls devant la Grande mosquée d’Evry où il devait participer à une rupture du jeûne. En attendant l’invité d’honneur, ils ont accueilli des personnalités, dont l’ancienne ministre Valérie Pécresse, aux cris de « fascistes, complices d’Israël » sous l’œil des policiers, postés en nombre.

Arrivé directement en voiture jusqu’à l’intérieur de la cour de la Grande mosquée d’Evry, le Premier ministre a évité les manifestants dont certains appartiennent au collectif cheikh Yacine, et a été reçu par le recteur de la Grande mosquée, Khalil Merroun, pour cet iftar auquel était notamment convié les représentants de différents culte (Islam, Judaïsme, christianisme, protestantisme et boudhisme).

Après avoir partagé des dattes, le Premier ministre a pris la parole et a évoqué la nostalgie de tous ces iftar auxquels il avait assisté quant il était maire d’Evry, avant de livrer son message aux musulmans de France.

« Les musulmans de France, c’est la France »

« A travers le rayonnement de la Grande mosquée d’Evry-Courcouronnes, c’est à tous les musulmans de France que je veux parler. En partageant ce repas de rupture de jeûne, je veux dire avec force que les musulmans de France, c’est la France », a lancé le Premier ministre.
« L’islam, c’est deuxième religion de France. Pour vivre en France et être Français, il n’y a pas à renoncer à sa foi ou ses origines. La France doit tirer sa force de la diversité qui la compose », a-t-il assuré, indiquant que sa présence ce soir à cet iftar est « pour réaffirmer que la république laïque n’est pas la négation de la religion ou pire ».
Reconnaissant qu’ « il y a aujourd’hui beaucoup trop de paroles et d’actes qui visent les musulmans de France », Manuel Valls a rappelé qu’en 2013, « les actes antimusulmans ont augmenté de 13 % après une hausse de 28 % en 2012 ».
« Face à cela, nous devons agir avec la plus grande fermeté. Dans la république, les propos, les actes antimusulmans, antisémites, antichrétiens, racistes, homophobes n’ont pas leur place (…). Il n’y a pas un deux poids, deux mesures », a-t-il ajouté.
Enchaînant sur les jeunes partis faire le jihad en Syrie ou en Irak, Manuel Valls a estimé que les « mécanismes d’embrigadement et de radicalisation qui sont partout à l’œuvre et qui prennent différentes formes », ont été vus "récemment dans les rues de Paris ou de Sarcelles où des groupes se sont pris aux forces de l’ordre, à des synagogues et ont crié leur haine des juifs ».
« Quand des individus se réclament d’une forme dévoyée de l’islam, ce sont les musulmans qui souffrent les premiers car ces actes nourrissent des amalgames insupportables mais aussi ces groupes radicalisés se prennent à la noblesse du message de l’islam, à ses valeurs d’ouverture et de tolérance », a-t-il ajouté. « La France ne peut être dans un camp contre un autre », a-t-il martelé comme pour balayer les critiques reprochant vivement à la France de s’être alignée sur la position du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

« La seule exigence, c’est l’apaisement »

« Je suis parmi vous ce soir à un moment particulier qui agite les esprits et les cœurs », a dit encore M. Valls , avant de reconnaître que « ce qui se passe au Proche-Orient, les horreurs, les souffrances de la guerre, ne peuvent que nous heurter, nous révolter ».

« Des civils, des hommes, des femmes, des enfants meurent par centaines dans la bande Gaza. Et de l’autre côté en Israël, sans chercher un équilibre, des civils vivent également sous la menace permanent des tirs de roquettes », a-t-il poursuivi, estimant que dans cette région du monde « l’horreur ne s’arrête (…) ». « Mais pour nous qui sommes en France, une seule exigence doit nous guider, c’est celle de l’apaisement», a averti le Premier ministre.
Selon Manuel Valls, exprimer ses opinions et son indignation face aux horreurs est « légitime ». « Mais rien, jamais, ne pourra justifier les débordements, la violence, la haine de l’autre. Je le répète, on ne peut défendre une cause que dans le cadre des lois de la république », a-t-il prévenu.
Assurant que « la paix est la position constante de la France », il a estimé que cela implique « au plus vite un cessez-le-feu qui n’est pas au rendez-vous ce soir », ainsi que « l’existence de deux Etats ».

« Pardon et miséricorde »

Pour sa part, le recteur de la Grande mosquée d’Evry, conspué pour avoir invité Manuel Valls, a déclaré que le Premier ministre "est chez lui, il a toujours été parmi nous".
Rappelant dans son allocution que le mois du ramadan est un « mois de pardon et de miséricorde », le recteur Khalil Merroun a estimé que « Le pardon que l’on reçoit de Dieu, on doit aussi le partager, le donner à son prochain. « Qui parmi nous, ici ou là, n’a pas de choses à se faire pardonner ?», s’est-il interrogé.
Et de relever « combien ce mois de ramadan a été dur car on souffre en voyant les cadavres de ces enfants, de ces femmes » morts sous les bombardements de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza.
« Nous, les musulmans, nous ne manifestons pas pour telle ou telle partie. Nous manifestons pour que cesse le massacre des innocents », a-t-il dit, répétant que « l’antisémitisme ne fait pas partie de la famille de l’islam ».
« Juifs et musulmans ont vécu ensemble en Andalousie. Quand l’inquisition a commencé à menacer leurs vies, ils se sont retrouvés ensemble en terre du Maghreb », a rappelé le recteur Merroun.
Il a en outre appelé la France à jouer son rôle pour faire cesser les massacres à Gaza. « La France est un grand pays. Elle peut beaucoup de choses. C’est notre espoir ».
Depuis le début de l’offensive de l’armée israélienne le 8 juillet, près de 1000 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués dans la bande de Gaza, dont 55 pour la seule journée de vendredi.

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