Identifié par ses empreintes, le Marocain Ayoub El Khazzani devant les enquêteurs antiterroristes

L’homme arrêté après l’attaque manquée dans un Thalys vendredi est bien Ayoub El Khazzani. Il a été identifié par divers éléments matériels, dont ses empreintes digitales. S’il nie toute visée terroriste, le suspect a été signalé par les services de renseignement espagnols comme appartenant à la mouvance islamiste radicale et fiché par le renseignement français.

Les enquêteurs antiterroristes tentaient d’en savoir plus sur les motivations et le parcours d’Ayoub El Khazzani, un Marocain lourdement armé qui a été maîtrisé par des passagers vendredi dans un train Amsterdam-Paris et dont la garde à vue a été prolongée samedi soir.

Ayoub El Khazzani avait été signalé en février 2014 par les services espagnols à leurs confrères français comme appartenant à la mouvance islamiste radicale.

Ce Marocain, qui aura 26 ans le 3 septembre, a vécu entre 2007 et mars 2014 en Espagne, d’abord à Madrid puis à Algesiras (sud), où il était connu pour trafic de drogue, selon une source des services antiterroristes espagnols, qui avaient d’abord évoqué un séjour espagnol de 2013 à 2014.

Le 10 mai 2015, le jeune homme était localisé à Berlin, où il embarquait pour la Turquie, selon les renseignements français, qui auraient appris ensuite des Espagnols que cet homme était installé en Belgique.

Selon Madrid, le suspect serait en fait parti de France pour se rendre en Syrie et serait ensuite revenu dans l’Hexagone, mais les services espagnols disent ne pas en avoir informé la France parce qu’"ils ne le savaient pas à l’époque".

– Neuf chargeurs –

Vendredi, l’homme est monté dans le Thalys 9364 à Bruxelles. Armé d’un fusil d’assaut kalachnikov avec neuf chargeurs, d’un pistolet automatique Luger et d’un cutter, il a ouvert le feu à 17h50, peu après le passage de la frontière française.

Un premier voyageur français, âgé de 28 ans et employé dans une banque aux Pays-Bas, a tenté de le désarmer alors qu’il sortait des toilettes. Le suspect a réussi à lui échapper et plusieurs coups de feu ont été tirés, une balle atteignant un passager, de nationalité franco-américaine.

Trois jeunes Américains, Alek Skarlatos, Spencer Stone et Anthony Sadler (respectivement 22, 23 et 23 ans) aidés d’un sexagénaire britannique, Chris Norman, sont parvenus à neutraliser le suspect.

"On a entendu un coup de feu et du verre brisé. J’ai vu un type avec une AK (kalachnikov)," a raconté Alek Skarlatos, membre de la Garde nationale de l’Oregon. "Mon ami (Spencer Stone, autre militaire américain) et moi on s’est baissé et puis on s’est dit +on y va+ (…) On l’a frappé à la tête jusqu’à ce qu’il perde connaissance".

Dans la bagarre, M. Stone a été blessé au cutter au cou et à la main par l’agresseur, qui n’a pas fait usage de sa kalachnikov, vraisemblablement enrayée. Sorti de l’hôpital samedi, il a été entendu, ainsi que ses deux amis au commissariat d’Arras.

Chris Norman, le passager britannique, commençait samedi à se rendre compte de ce à quoi ils avaient tous échappé. Après une nuit blanche, "maintenant, je veux juste rentrer à la maison", a-t-il raconté.

Avant de retrouver l’anonymat, les héros du Thalys seront reçus lundi matin à l’Elysée. François Hollande a "remercié chaleureusement" Barack Obama pour "la conduite exemplaire" des passagers américains qui ont neutralisé l’assaillant et le président américain a tenu à appeler ses trois compatriotes pour les féliciter.

– Enfermés dans la motrice –

Autre passager du train, l’acteur Jean-Hugues Anglade, légèrement blessé en actionnant le signal d’alarme, a accusé les agents du Thalys de s’être enfermés dans la voiture motrice puis d’avoir refusé d’ouvrir aux passagers.

Thalys a en réponse apporté son soutien à l’agent mis en cause, et le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, va rencontrer l’acteur.

Deux enquêtes sont menées : l’une par le parquet antiterroriste de Paris, dont la compétence est nationale, et l’autre par le parquet fédéral belge. La Belgique a renforcé la sécurité dans les gares et les trains et la SNCF a décidé pour sa part de mettre en place "un numéro national de signalement des situations anormales".

Cette nouvelle attaque survient huit mois après les sanglants attentats de janvier contre le journal satirique Charlie Hebdo et un supermarché cacher de Paris.

Depuis lors, plusieurs tentatives d’attentats jihadistes ont été déjouées en France.

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