Hubble? Des informations uniques

Age de l’univers, découverte de l’énergie noire, Hubble explore le cosmos depuis vingts ans. Pour Alain Lecavelier des Etangs, chargé de recherches CNRS à l’Institut d’Astrophysique de Paris, le télescope est une « pierre angulaire dans la compréhension des exoplanètes ».

Hubble? Des informations uniques
Quelle est pour vous l’image forte qui symbolise le mieux l’activité de Hubble?

Il y en a beaucoup. Celles qui me touchent et qui fascinent beaucoup de monde, tiennent à la structure de l’univers, à la cosmologie avec des galaxies en collision, des supernovae spectaculaires. Je les regarde comme un amateur éclairé…

D’autres, par exemple le cliché de la nébuleuse d’Orion, ont une signification plus marquée professionnellement. Adolescent, déjà, je l’observais avec mon télescope. L’image de cette nébuleuse prise par Hubble montre des systèmes planétaires en formation, or les systèmes planétaires jeunes et les planètes extrasolaires, les exoplanètes, sont aujourd’hui mes sujets de recherche à l’Institut d’astrophysique de Paris.

C’est un domaine où, au travers de ses données, Hubble constitue une pierre angulaire dans la compréhension – d’abord des mécanismes à l’œuvre au moment de formation de ces planètes, puis ensuite de leur évolution. On a ainsi réalisé qu’après la naissance des planètes, il se passe encore plein de choses, que les systèmes planétaires continuent d’évoluer…

Des systèmes dont Hubble vous fournit des clés de compréhension?

Hubble fait parti d’un ensemble, mais c’est vrai son instrumentation – notamment son spectroscope – nous a fourni des informations uniques. Nous conduisant, par exemple, à sonder l’atmosphère d’une exoplanète passant devant son étoile. A l’instar de cette HD 209458b – alias "Osiris" – que Hubble a sondé en grands détails. On a pu ainsi s’apercevoir de l’évaporation d’Osiris.

Chauffée par son étoile, celle-ci perd son gaz. Une planète qui s’évapore, c’était une découverte inattendue qui peut expliquer l’absence de planètes très proches de leur étoile. Ces observations ont été réalisées dans l’ultraviolet avec Hubble, au moyen du spectroscope réparé par les astronautes de la navette spatiale Discovery.

Il y a un savoir-faire, une marque de fabrique Hubble?

Assurément… Il y a aussi un faire-savoir que la Nasa, au travers du Space Telescope Science Institute a su orchestrer pour rendre les observations accessibles au plus grand nombre dans un savant mélange de science et de communication.

Hubble est ainsi devenu l’ambassadeur de la Nasa – d’une certaine façon son prix d’excellence. C’est aussi l’un des plus beau titre de gloire des astronautes….

Sans eux et leurs missions de maintenance nous n’en serions pas où nous en sommes. Même les scientifiques qui ne sont guère favorables aux vols habités en conviennent…

Et demain vous escomptez encore d’autres avancées liées à Hubble ?

La moisson devrait s’amplifier. Aujourd’hui on a pris conscience de la diversité des planètes extrascolaires, Hubble, comme le télescope Spitzer qui les observe dans l’infrarouge, va nous permettre d’en observer des dizaines, de repérer leurs différences, de les classer. On ira encore plus loin lorsque celui qu’on considère comme le successeur de Hubble, le James Webb Telescope, prendra son envol en 2015 .

Il sera bien plus performant, naviguera à 1,5 millions de kilomètres de la Terre – contre 600 km pour Hubble – il ne sera pas en orbite terrestre et que les objets sous observation ne seront plus cachés, la moitié du temps par notre planète! Reste que le James Webb n’opérera pas dans l’ultraviolet. Hubble sera le donc le dernier des télescopes spatiaux à travailler dans ce domaine.

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