Hollande apprend à parler étranger

Hollande apprend à parler étranger
Il n’a pas échappé à François Hollande que 22 des 27 pays de l’Union européenne (UE) sont dirigés par les conservateurs. Mais que des scrutins cruciaux y sont en préparation pour les mois à venir, à commencer par la présidentielle française. En pleine forme trois jours après sa victoire à la primaire, le candidat socialiste à l’Elysée secoue donc les puces des «progressistes européens» réunis en congrès à Madrid.

«Ils ne doivent pas faire que des conférences mais gagner des élections et travailler ensemble», morigène Hollande, en apesanteur. A l’heure où les états de l’UE vacillent sous le poids de leur dette – la note de l’Espagne où il est arrivé mardi soir pour une visite éclair vient d’être à nouveau dégradée -, il s’en prend à la politique européenne actuelle «pas à la hauteur». «Les marchés, les agences de notation doivent non pas obéir à leurs intuitions mais être dominés, impressionnés par des décisions politiques», insiste-t-il à la tribune du Global Progress Forum. Avant le sommet européen de la fin de semaine, il met en garde : si les politiques ne reprennent pas le dessus sur les marchés, c’est la «cohésion démocratique qui est en jeu.»

étiquette. Le ton est ferme et le message est clair : Hollande n’a pas l’intention d’exporter à l’étranger l’étiquette de «gauche molle» que lui a collée Martine Aubry pendant la primaire. Lui préfère parler de la «gauche qui gagne et qui réussit», à l’image de Lula, l’ancien président du Brésil, qu’il a rencontré mardi soir juste avant de filer assister à la deuxième mi-temps de Real Madrid-Olympique lyonnais.

Pour le député de Corrèze, raillé par la droite comme celui qui sait mieux parler à «Mme Dugenou» qu’à Barack Obama, c’est un début en douceur sur la scène internationale : une convention de sociaux-démocrates européens qu’il connaît depuis son long passage à la tête du PS. Comme le président du Conseil espagnol, Jose Luis Zapatero, ou le chef du PS portugais. Le déplacement, truffé de rencontres bilatérales, a été monté en vingt-quatre heures, par Pierre Moscovici, ancien ministre des Affaires européennes.

Chez les interlocuteurs de Hollande, explique-t-il, «on sent de l’accueil, du plaisir d’avoir trouvé un leader légitime, candidat à une élection gagnable». Surtout que deux sondages viennent de placer le candidat PS au-delà des 60% de suffrages face à Sarkozy. Même si Hollande souligne leur «volatilité» pour mieux réaffirmer sa détermination : «Je mesure l’obligation qui m’est faite après dix ans d’opposition, l’obligation de gagner.»

Mais le costume présidentiel doit encore être étoffé et pour cela, l’agenda se remplit vitesse grand V.

Symboliques. Avant le 15 décembre, Hollande devrait se rendre au Brésil. Le Québec mais surtout Washington sont en préparation. Rencontrer Obama, «ce serait bien, glisse Moscovici. Les Américains veulent connaître le leader de la gauche française parce que la probabilité qu’il soit président est forte.» La «tournée des capitales européennes» annoncée depuis des lustres devrait se transformer en trois déplacements symboliques : Bruxelles, Berlin, où l’équipe Hollande tente de monter un rendez-vous avec la chancelière Angela Merkel, et Rome, où le candidat français a été invité à prendre part, le 5 novembre, à une grande manifestation de la gauche italienne. Entre 500 000 et 700 000 personnes y sont annoncées, de quoi parfaire sa notoriété européenne et populaire.

Hollande ne reste jamais trop éloigné du combat franco-français, attaquant Sarkozy sur le domaine réservé du Président, la diplomatie : «Ce qui compte, ce n’est pas la capacité à rencontrer des chefs d’Etat mais à montrer son efficacité… Il a encore quelques mois pour le prouver.»

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