Hamza ben Laden, le prince-héritier du jihad

Le photo-montage, publié dimanche par Al Al-Qaïda pour le 16ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, montre le visage d’Oussama ben Laden dans les flammes des tours jumelles en feu. A ses côtés son fils Hamza, le « prince-héritier du jihad ».

Le jeune homme, âgé de 28 ans, est apparu depuis l’enfance dans la propagande du réseau fondé par son père. Aujourd’hui, estiment officiels et analystes, il se prépare à en prendre la tête et, profitant de l’affaiblissement militaire du groupe État islamique (EI), à tenter d’unifier sous son nom les jihadistes du monde entier.

Dans un rapport publié par le Combating terrorism center (CTC) de West Point, Ali Soufan, ancien agent spécial du FBI spécialiste d’Al Qaïda, écrit: "Hamza est en train d’être préparé pour occuper un rôle dirigeant dans l’organisation que son père a fondé".

"En tant que membre de la dynastie Ben Laden, il est probable qu’il sera favorablement accueilli par les jihadistes de base", ajoute-t-il. "Alors que le +califat+ de l’EI est au bord de l’effondrement, Hamza est désormais le mieux placé pour réunifier le mouvement jihadiste global".

Quinzième de la vingtaine d’enfants d’Oussama ben Laden, fils de sa troisième femme, Hamza a été depuis son enfance préparé pour suivre les pas de son père. A ses côtés en Afghanistan, avant le 11 septembre 2001, il apprend le maniement des armes, vitupère de sa voix fluette contre les Américains, les Juifs et les "Croisés" dans des vidéos mises en ligne.

La veille de l’attentat contre les Twin Towers et le Pentagone, Hamza est séparé de son père, qu’il ne reverra plus, évacué avec les femmes et les enfants du clan vers Jalalabad, puis l’Iran, où ils sont placés pendant des années en résidence surveillée.

Grâce à un système sophistiqué de courriers, le fils préféré du chef jihadiste, rompu à la clandestinité, reste en contact épistolaire avec son père. Dans ces lettres, dont certaines ont été retrouvées lors du raid qui a coûté la vie à Oussama ben Laden à Abbottabad (Pakistan), le jeune homme assure à son père qu’il est "forgé dans l’acier" et prêt "pour la victoire ou le martyr".

"Ce qui me rend vraiment triste", lui écrit-il en juillet 2009, "c’est que les légions de moudjahidine se sont mises en marche et que je ne les ai pas rejointes."

En août 2015, dans un message audio, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, qui a succédé à Oussama ben Laden à la tête de l’organisation, annonce qu’un "nouveau lion est né dans la tanière d’Al Qaïda" (Oussama signifie "lion", en arabe).

La voix d’Hamza (aucune photo n’a été publiée de lui depuis son enfance) rend ensuite hommage au "martyr" de son père et de son frère aîné Khalid, mort en tentant de le défendre à Abbottabad et demande aux jihadistes du monde entier de "frapper de Kaboul à Bagdad, de Gaza à Washington, Londres, Paris et Tel Aviv".

Un an plus tard, dans une diatribe intitulée "Nous sommes tous Oussama", il appelle à la vengeance et prévient: "Si vous pensez que vous n’aurez pas à rendre de comptes pour le crime perpétré à Abbottabad, détrompez-vous. Votre réveil sera douloureux. Nous sommes une nation qui ne tolère pas l’injustice".

Dix-huit mois plus tard, après d’autres appels audios similaires, le Département d’État américain renforce sa crédibilité auprès des milieux jihadistes en inscrivant son nom sur la liste noire des "terroristes internationaux".

"Les messages d’Hamza", relève Ali Soufan, reprennent fréquemment, presque mot pour mot, des phrases entières prononcées par son père pendant l’apogée d’Al Qaïda, à la fin des années 1990, début 2000 (…) Il tente même de l’imiter, prononçant ses phrases avec la même intensité tranquille".

"Alors que l’État islamique", ajoute-t-il, "continue de s’effondrer, nombreux sont ses partisans qui vont chercher une nouvelle bannière sous laquelle combattre (…) De nombreux facteurs incitent à penser qu’Hamza pourrait être un chef redoutable. Reste à savoir comment l’organisation a l’intention de l’utiliser, mais il est clair que son étoile est en train de monter. Cela devrait inquiéter les responsables en Occident et dans le monde musulman".

AFP

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