HRW exhorte Tunis à faire davantage pour rapatrier les enfants de jihadistes

Les autorités tunisiennes mènent des efforts insuffisants pour rapatrier les enfants de membres du groupe jihadiste Etat islamique (EI) retenus dans des camps et prisons, a déploré mardi l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).

"Même si la Tunisie n’est pas le seul pays qui rechigne à aider ces femmes et ces enfants à rentrer chez eux, et que certains de ces pays ont beaucoup plus de ressources, c’est la Tunisie qui a le plus de ressortissants dans cette situation", avance HRW dans un communiqué.

Dans ce texte documenté, l’ONG estime qu’environ 200 enfants et 100 femmes tunisiens sont "détenus dans des prisons et camps sordides en Libye, Syrie et Irak".

Les autorités tunisiennes parlent de 3.000 ressortissants ayant rejoint des groupes jihadistes à l’étranger. Ils ont été jusqu’à 5.000, selon un groupe de travail de l’ONU.

Après avoir annoncé retirer prochainement ses troupes de Syrie, Washington, qui redoute que les prisonniers de ses alliés kurdes ne s’échappent, pousse désormais les pays d’origine à rapatrier leurs ressortissants ayant rejoint des territoires tenus par l’EI.

Plusieurs centaines de jihadistes étrangers, probablement autour de 800, sont aux mains des Kurdes en Syrie, auxquels s’ajoutent les femmes non combattantes et les enfants.

La question de leur retour inquiète de longue date de nombreux Tunisiens, dans un pays toujours sous état d’urgence depuis une vague d’attaques jihadistes en 2015 et 2016.

En janvier 2017, un millier de personnes avaient manifesté pour protester contre leur éventuel rapatriement, estimant qu’ils représentaient une grande menace pour la sécurité nationale.

"Les préoccupations légitimes portant sur la sécurité ne donnent pas aux gouvernements le droit d’abandonner leurs ressortissants, notamment les jeunes enfants, détenus à l’étranger sans inculpation, dans des prisons et des camps sordides", affirme Letta Tayler, chercheuse sur les questions liées à la lutte antiterroriste à HRW.

"Des enfants tunisiens sont bloqués dans ces camps, sans éducation, sans avenir et sans moyen d’en sortir, tandis que leur gouvernement semble ne pas lever le petit doigt pour les aider", déplore l’organisation.

"La Tunisie attache une importance particulière" au cas des enfants détenus, étant "fermement convaincue de la valeur des droits humains", a réagi le ministère des Affaires étrangères auprès de HRW.

D’après le communiqué de l’ONG, ce ministère a également indiqué que "le gouvernement ne refoulerait pas de détenus dont la nationalité est établie, notant que la Constitution tunisienne interdit de réfuter ou de retirer la nationalité ou d’empêcher ses citoyens de revenir dans leur pays".

Selon HRW, qui dit notamment avoir interrogé des proches tunisiens de 13 femmes et de 35 enfants détenus en Libye et Syrie, "la plupart de ces enfants sont détenus avec leur mère, mais au moins six sont orphelins". "La Tunisie n’a aidé que trois de ces enfants à revenir, de Libye en l’occurrence", ajoute l’organisation.

"Les enfants doivent être traités avant tout comme des victimes et ne doivent pas être poursuivis pour leurs liens avec des groupes armés comme l’EI, en l’absence d’éléments indiquant qu’ils ont commis des actes violents", conclut-elle.

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