François Hollande sort de sa réserve pour dénoncer la situation en Syrie

« Les lignes rouges ne peuvent concerner les seules armes chimiques », estime l’ancien Président.

Comme Nicolas Sarkozy en 2012, c’est la Syrie qui fait sortir François Hollande de sa réserve diplomatique. Dans un entretien au Monde paru ce lundi 12 mars, l’ancien président de la République s’inquiète de la progression des forces syriennes dans la Goutha et dénonce le rôle de la Turquie. "Si j’ai été aussi dur sur le régime de Bachar Al-Assad, et je l’ai été avec constance, ce n’est pas pour le laisser liquider son opposition et massacrer son peuple", se justifie-t-il.

Dans cet entretien, il réclame que l’usage d’arme chimique ne soit plus la seule ligne rouge fixée par le dirigeants des "démocraties" occidentales. Au passage, il égratigne Barack Obama qui en avait dressée une en 2013 sans aller plus loin. "Les lignes rouges ne peuvent concerner les seules armes chimiques car cela implique à chaque fois de démontrer leur utilisation et de prouver quel côté l’a fait. (…) les bombardements délibérés des populations civiles, de quelque nature qu’ils soient, créent une situation humanitaire mais aussi politique inadmissible", dit-il.

Une zone d’exclusion aérienne dans la Goutha?

Il réclame, à court terme, l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Goutha où "les avions du régime syrien bombardent les hôpitaux et même les cimetières". Cela nécessite cependant un accord de l’Onu et donc un revirement de la Russie qui bloque les projets de résolution.

C’est là que François Hollande adresse un premier message à son successeur Emmanuel Macron: "On doit parler à Vladimir Poutine, on peut évoquer les relations historiques entre la France et la Russie. Mais ce n’est pas une raison pour la laisser avancer ses pions sans réagir. (…) Si la Russie est menaçante, elle doit être menacée", met-il en garde tout en demandant à "la France, à l’Europe, à l’OTAN de se mettre en mouvement" au regard de l’imprévisibilité américaine.

L’ancien chef de l’Etat s’en prend également violemment à la Turquie. "Quel est cet allié à qui certains vendent des armes et qui utilise ses avions pour frapper des populations civiles ? Quel est cet allié turc qui frappe nos propres alliés avec le soutien au sol de groupes djihadistes?", se demande François Hollande qui accuse Erdogan d’avoir négocié avec Poutine "un partage" de la Syrie.

Par Alexandre Boudet
Huffington Post

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