François Hollande, sa conférence de presse la plus dificille

La conférence de presse d’aujourd’hui devait être centrée sur la situation économique mais François Hollande sera contraint de clarifier sa situation privée après des révélations sur une liaison avec une actrice et l’hospitalisation de sa compagne officielle.

François Hollande doit fixer mardi le cap économique et social pour 2014 tout juste esquissé lors de ses voeux aux Français, à l’occasion de la troisième conférence de presse de son mandat, dans un climat de tumulte médiatique après des révélations sur sa liaison avec l’actrice Julie Gayet. Le chef de l’État ouvrira cet exercice désormais rituel par un discours liminaire d’une vingtaine de minutes auquel il a encore assidûment travaillé lundi, selon son entourage. Puis, il se soumettra au feu roulant des questions de quelque 600 journalistes français et étrangers, consacrant au moins une heure à la politique intérieure et une demi-heure aux sujets internationaux.

La scénographie de cette conférence de presse réunie sous les ors de la salle des fêtes de l’Élysée devrait rester inchangée par rapport aux deux premières de son mandat, de novembre 2012 et mai 2013, avec le président seul à son pupitre, faisant face au gouvernement au grand complet, aux journalistes et aux caméras. Pour François Hollande, ce rendez-vous devait être surtout l’occasion de reprendre la main alors qu’il est toujours très bas dans les sondages (24 % selon OpinionWay et Ipsos) en dépit d’un léger rebond et que son pari d’inverser la courbe du chômage dans les derniers mois de 2013 est loin d’être acquis. Décisifs, les chiffres du mois de décembre ne seront publiés que dans une dizaine de jours.

"Pacte de responsabilité"

Mais l’article du magazine Closer révélant sa liaison avec Julie Gayet puis l’annonce de l’hospitalisation vendredi de la première dame, Valérie Trierweiler, victime d’un sérieux "coup de blues", ont changé la donne et détourné l’attention. Nul doute que le président sera interrogé sur ces événements. Choisira-t-il de les évoquer lui-même dans son propos introductif pour tenter de couper court aux questions ou d’attendre d’être interrogé par les journalistes ? Acceptera-t-il de se prononcer sur le rôle futur de la première dame alors que celle-ci était toujours hospitalisée lundi soir ?

Quoi qu’il en soit, le président Hollande aura également à coeur de préciser les grands axes, la "méthode" et le calendrier du "pacte de responsabilité" qu’il a lui-même proposé aux entreprises dans ses voeux aux Français le 31 décembre. Son principe : en contrepartie d’une réduction du coût du travail et des contraintes qui pèsent sur leur activité, les employeurs s’engageraient à embaucher davantage et à favoriser le dialogue social. Ce pacte, mais également ses propos dénonçant les "excès" et les "abus" de la sécurité sociale, peu communs dans la bouche d’un dirigeant socialiste, ont rouvert le débat sur un éventuel virage social-démocrate, voire social-libéral de François Hollande.

"Clarification"

"Il n’y a eu aucune inflexion économique, aucun tournant politique mais un approfondissement, une accélération et une clarification", a répondu par avance son conseiller politique Aquilino Morelle, ajoutant qu’il s’agissait de "la même politique, mais qui doit aller en 2014 plus vite, plus loin, plus fort". Le débat a cependant été lancé à fronts renversés avec, d’une part, le président du Medef Pierre Gattaz, dont on dit qu’il a l’oreille du président et qui a vu dans cette initiative "l’électrochoc" tant attendu par le patronat et, d’autre part la gauche de la gauche, inquiète et critique. La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, sur l’aile gauche du PS, redoute ainsi qu’il ne s’agisse d’un "jeu de dupes", attendant "des précisions" sur les contreparties offertes par les employeurs.

Le chef de l’État, qui a jugé le 31 décembre les "impôts trop lourds", promis une baisse "à terme" des prélèvements, devrait être amené aussi à préciser ses objectifs : à quand les baisses d’impôts ? pour qui ? les ménages, les entreprises ? Mais, aussi, alors qu’il s’est engagé "personnellement" sur la réduction des dépenses, il devrait là également donner des précisions ainsi que sur les leviers sur lesquels il peut jouer pour réduire le déficit à 3 % du PIB et à quel horizon. Sur les questions internationales, une seule indication a filtré lundi. Le président a eu des "échanges au sujet de la Centrafrique" où les forces françaises sont engagées dans une périlleuse opération de stabilisation, a indiqué son entourage. Avec moins de 2 000 militaires déployés, la France peine à rétablir le calme et empêcher les exactions dans ce pays.

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