François Hollande reconnaît « l’impact » des essais nucléaires en Polynésie française

Le président François Hollande a reconnu lundi à Papeete que les essais nucléaires menés en Polynésie française avaient eu « un impact » sur l’environnement et la santé, répondant ainsi à une vieille revendication locale.

A l’occasion de sa visite dans l’archipel du Pacifique sud, deuxième étape d’un périple autour du monde qui va ensuite le mener en Amérique latine, le chef de l’Etat a dit vouloir "tourner la page du nucléaire" après trente années d’essais menés dans les atolls polynésiens.

De 1966 à 1996, la France a effectué 193 essais nucléaires depuis les atolls de Mururoa et Fangataufa, non sans dommages pour la population locale. Ces atolls sont situés dans l’archipel des Tuamotu, où étaient basées les installations du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP). Et c’est au dessus de Fangataufa, en août 1968, que la France fit exploser sa première bombe H (thermonucléaire) de 2,6 mégatonnes (Mt) – une bombe à fusion, beaucoup plus puissante que celle à fission.

"Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires", a déclaré François Hollande qui s’exprimait devant des élus polynésiens.

Cette reconnaissance des conséquences sanitaires et environnementales des essais était une revendication des associations de défense des victimes et des élus polynésiens. François Hollande a également annoncé une révision du traitement des demandes d’indemnisation des victimes des essais. Environ 2.000 personnes résidaient pendant les essais dans le secteur défini par une loi d’indemnisation votée en 2010. Et certains de ces essais ont eu des retombées radioactives "très importantes" en raison des conditions météorologiques sur les îles alentour. Pourtant, seuls une vingtaine de dossiers sur un millier ont fait l’objet d’une indemnisation, selon la présidence française, alors que les Polynésiens considèrent que ces essais sont la cause de nombreux cancers dans l’archipel. François Hollande s’est aussi engagé à ce que l’Etat accompagne le développement du service d’oncologie au centre hospitalier de Tahiti.

– ‘Dette nucléaire’ –

La "dette nucléaire", une dotation annuelle de 150 millions d’euros qui visait à compenser la perte d’activité économique engendrée par la cessation des essais en 1996, "sera sanctuarisée" et "son niveau sera dès 2017 rétabli à plus de 90 millions d’euros", a promis François Hollande, répondant là encore à une demande pressante des élus locaux. "Les conséquences environnementales des essais devront également être traitées" sur les atolls qui accueillaient les installations nucléaires. L’Etat achèvera notamment "le démantèlement des installations et la dépollution de l’atoll de Hao" et ceux de Moruroa et Fangataufa feront l’objet d’une "vigilance méticuleuse".

Plus généralement, François Hollande a reconnu "solennellement" la contribution de la Polynésie à la force de dissuasion nucléaire française. "Cette contribution, celle que vous avez vous-même apportée à travers les essais nucléaires, je veux la reconnaître solennellement aujourd’hui, devant vous", a-t-il lancé sous les applaudissements. Sans la Polynésie française, "la France ne se serait pas dotée de l’arme nucléaire et donc de la force de dissuasion", a-t-il insisté.

Le président français entame mardi la seconde partie de son périple par une visite au Pérou pour "saluer" le concours de ce pays au succès de la COP21, avant de rejoindre l’Argentine mercredi et l’Uruguay jeudi. Même si le chef de l’Etat est accompagné de plusieurs chefs d’entreprises, aucun contrat n’est attendu lors de cette tournée sud-américaine, qui vise à renforcer les liens scientifiques, universitaires et culturels qui unissent ces trois pays à la France.

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