François Hollande en Tunisie les 4 et 5 juillet

François Hollande en Tunisie les 4 et 5 juillet
C’est décidé, le président français François Hollande va se rendre les 4 et 5 juillet en Tunisie, le pays de la révolution du Jasmin qui attend impatiemment l’adoption d’une nouvelle Constitution, maintes fois reportée.

De source française proche du dossier, Atlasinfo a appris que François Hollande doit prononcer un « important discours sur les transitions politiques » au lendemain de ces "Printemps arabes" dont sont issus les nouveaux régimes tunisien, égyptien, libyen, alors que le sort de la Syrie reste incertain et que le peuple syrien n’en a pas fini de compter ses morts.

Le président Français Hollande devrait rencontrer les trois patrons provisoires de la Tunisie, le président de la république, le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée constituante.

La visite de Hollande sera scrutée car le soutien apporté au président déchu Ben Ali par Nicolas Sarkozy qui, lors de sa visite officielle de 2008, avait salué « les progrès de la démocratie », n’a pas été entièrement oublié ni par les partis au pouvoir ni par ceux de l’opposition. Tout comme ils ne sont pas encore prêts d’oublier les propositions de service de Michelle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, pour mater la révolte.

La France avait réservé, en juillet 2012, un accueil particulièrement chaleureux au président tunisien Moncef Marzouki. Une façon de faire oublier son attitude lors de la révolution tunisienne: tapis rouge, entretien suivi d’une conférence de presse commune avec le locataire de l’Elysée, François Hollande, et dîner de travail. Et suprême honneur : intervention à l’Assemblée nationale française.

François Hollande débarque donc pour la deuxième fois dans une Tunisie, cette fois-ci désenchantée. Il s’y était rendu le 24 mai 2011 en tant que candidat à la primaire socialiste.

Deux années après le soulèvement qui a chassé du pouvoir Ben Ali, la victoire du parti islamiste d’Ennahda et la politique suivie depuis sa prise de pouvoir n’ont répondu pas aux espérances des Tunisiens. Ces changements ont été ressenties par une grande partie de l’opposition tunisienne comme un "cauchemar", qui craint que l’objectif à terme d’Ennahda est l’islamisation de la société tunisienne et la mise en place de la charia,

Cette visite de François Hollande intervient par ailleurs après celles effectuées en Algérie et au Maroc, et a été précédée de celle de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, en mai dernier.

Laurent Fabius avait fait part à Tunis de l’engagement de son pays à soutenir la Tunisie dans la période de transition démocratique. Il avait par ailleurs mis en exergue le nécessaire esprit de responsabilité qui devait prévaloir entre les différentes parties composant la scène politique tunisienne afin de bien parachever la période transitoire d’une manière pacifique et démocratique.

Ce vœu sera-t-il exaucé alors que la Tunisie est en proie à des problèmes politiques, sécuritaires, économiques et sociaux. La date des élections générales n’a toujours pas été fixée alors que les tensions politiques ont débouché sur de violents affrontements à Tunis à la mi-mai. Principal moteur de la révolution de 2011, le chômage reste par ailleurs endémique dans le pays.

Initialement prévu du 20 juin au 8 juillet, l’examen du projet de Constitution tunisienne pourrait être reporté. Même si le juriste Yadh Ben Achour estimait, mercredi 19 juin, «exagérés» les propos selon lesquels le projet de la Constitution serait un prélude à l’instauration d’un Etat théocratique en Tunisie. Selon lui, l’avant-dernière mouture du projet, qui «criminalisait l’atteinte au sacré et ne faisait aucunement mention du caractère universel des droits de l’homme et de l’égalité entre les sexes», avait été corrigée dans l’actuel projet.

Sur le plan économique, la Tunisie, auquel le FMI vient d’accorder son aide, doit faire face à des "risques" liés à la transition politique et à la conjoncture internationale. Début juin, le Fonds a accordé au pays une ligne de crédit de 1,75 milliard de dollars pour soutenir la transition engagée depuis la chute du président Ben Ali en janvier 2011. Les prêts seront débloqués par tranche en fonction du respect par Tunis d’un programme de réformes destiné notamment à améliorer le climat des affaires.

En dépit de "l’engagement solide" des autorités à coopérer et d’une accélération de la croissance prévue cette année (4% contre 3,6% en 2012), le programme fait face à "d’importants risques", soulignent toutefois les équipes du FMI dans un rapport publié lundi. "Les perspectives de croissance pourraient se révéler inférieures aux projections, particulièrement si la conjoncture économique extérieure se dégrade davantage, affectant le tourisme et les transferts d’argent des migrants".

Frappé de plein fouet par la révolution, le tourisme, qui compte pour 7% du produit intérieur brut et emploie 15% de la population active, reste dans une situation "précaire", note encore le FMI pour qui des "échecs" dans la transition politique pourraient renforcer l’"attentisme" des investisseurs qui pourraient également être découragés par de nouveaux "troubles sociaux" et des "problèmes de sécurité ».

Par Lila Taleb

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