François Fillon, plus vite que Sarkozy sur le niqab

Depuis que Nicolas Sarkozy a rejoint le président du groupe parlementaire UMP Jean François Copé sur la nécessité de légiférer une interdiction générale du voile intégral, s’est installée une course effrénée au sein de l’exécutif français pour savoir qui pourrait montrer le plus d’enthousiasme à parvenir à cette loi

François Fillon, plus vite que Sarkozy sur le niqab
Et outre les ministres qui, les uns par profonde conviction, les autres par courtisanerie de circonstance, se sont répandus dans la presse pour souligner l’importance de la décision prise par Nicolas Sarkozy, le premier ministre François Fillon a montré, sur la question, un zèle frénétique traditionnellement étranger à son tempérament. Il a décrété un état d’urgence sur le texte de loi interdisant la Burqa, assurant qu’il était prêt à prendre tous les risques juridiques pour accomplir une telle performance législative.

Cette posture est d’autant plus étonnante de la part d’un homme qui avait habitué son monde à freiner des quatre fers là où sa hiérarchie emportée par une passion maitrisée ou des mauvais conseils, avait brillé par se faux pas. Il avait fondé tous son capital politique qui lui assure une belle notoriété sur cette lourdeur de fonctionnaire à faire bouger les sourcils là où d’autres frétillent d’idées et d’énergie, avec son lot obligatoire de faix pas.

François Fillon a étonné par son brusque engagement à finaliser un texte dont on sait par avance qu’il provoquera l’ire du conseil d’Etat et des quolibets du conseil constitutionnel. La posture doit être suffisamment inédite pour mériter pédagogie. C’est ce qui explique l’agenda extrêmement chargé de François Fillon Hier lundi lorsqu’il avait reçu successivement les deux président du sénat et de l’assemblée nationale, Gérard Larcher et Bernard Accoyer ainsi que le président du Conseil du Culte musulman, le franc-marocain Mohamed Moussaoui.

Larcher et Accoyer n’avaient pas exprimé une opposition à une loi pour une interdiction générale de la Burqa. Mais les deux hommes étaient venu plaider auprès du premier ministre la nécessité de ne pas se précipiter au débat « le temps nécessaire pour un consensus républicain ». Quant à Mohamed Moussaoui, depuis qu’il a pris acte de la décision de Nicolas Sarkozy d’aller jusqu’au bout de l’interdiction générale par le biais d’une loi, il n’a que ces mots à la bouche : Sa crainte qu’une telle démarche puisse « stigmatiser les musulmans de France » et son espoir de voir les pouvoirs publics prendre des mesures qui « puissent être l’expression d’un consensus républicain garant de la cohésion nationale».

Deux raisons principales peuvent expliquer l’attitude de François Fillon. La première est de ne pas trop déconnecter son approche de celle du président de la république, quitte à continuer d’apparaître comme le stabilisateur des passions enflammées sur un sujet socialement explosif. La seconde rejoint par ses arrières pensées, la prise de conscience de Nicolas Sarkozy, et consiste à de pas trop laisser cavaler en tête des hommes, comme Jean François Copé, au risque d’apparaître très en retrait dans la défense de la laïcité et du vivre ensemble républicain. L’impasse dans laquelle se trouve l’opposition socialiste sur le sujet, entre opposition à la Burqa et incapacité de l’interdire, est source d’inspiration pour François Fillon.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite