François Fillon : la colère silencieuse des parlementaires LR

En privé, des parlementaires Républicains ne cachent pas leurs inquiétudes et leur mécontentement autour du maintien de la candidature de François Fillon.

Chez les parlementaires LR, certains ne cachent pas leurs difficultés à faire campagne pour François Fillon. (Sipa)

Et dire que tout le monde devait rentrer dans le rang lundi dernier… François Fillon avait pris le soin d’organiser une conférence de presse au siège des Républicains pour mettre les choses au clair concernant les soupçons d’emplois fictifs qui pèsent sur sa famille. Le moment était aussi réfléchi pour que le vainqueur de la primaire à droite puisse sèchement recadrer les rebelles de sa famille politique qui faisaient émerger en douce l’idée d’un éventuel plan B. Depuis alors, tout devait aller mieux. La campagne devait reprendre avec une détermination et une unité partagées par tous. Seulement, en coulisses, certaines voix dissidentes continuent à se faire entendre.

"On nous promettait une élection imperdable, et maintenant on se demande où on va"

"Chaque week-end, les parlementaires qui rentrent de leur circonscriptions sont démoralisés. On nous promettait une élection imperdable, et maintenant on se demande où on va", grince un député. "On ne peut pas faire campagne. On ne peut plus parler de rien aux électeurs mis à part des affaires de Fillon", déplore, impuissant, un autre parlementaire. "J’ai moi-même tracté, et c’est presque catastrophique. On n’a vraiment pas de bons retours. C’est parfois très agressif. On m’a même jeté un tract à la gueule."

Quelques parlementaires LR ne se privent pas non plus de critiquer la riposte de François Fillon face aux accusations. "La conférence de presse est arrivée bien trop tard… Il aurait dû la faire dès le lendemain des premières révélations du Canard Enchaîné". "Il est très mal conseillé. Il a 21 porte-paroles qui ont dit tout et leur contraire. Il est vraiment entouré par une bande de tocards", tacle même un autre député.

«Nous avons une base solide de militants qui est finalement un peu dans la même galère que nous, mais après pour le reste on ne sait pas…»

Plus que jamais, les parlementaires républicains craignent que les électeurs de droite se tournent vers Emmanuel Macron ou Marine Le Pen. "Nous avons une base solide de militants qui est finalement un peu dans la même galère que nous, mais après pour le reste on ne sait pas…", s’inquiète un député. Il faut dire qu’une défaite de François Fillon a la présidentielle entraînerait de facto une difficulté supplémentaire pour la réélection des parlementaires LR dans leurs circonscriptions respectives en vue des élections législatives de juin prochain. "Evidemment, nous sommes tous inquiets pour notre avenir", reconnaît d’ailleurs l’un d’entre eux.

Bien que François Fillon l’ait catégoriquement écarté en vantant sa légitimité de candidat dû à sa nette victoire à la primaire de la droite, certains parlementaires rêvent encore secrètement de voir l’idée du plan B sortir du bois. "Il a gagné la primaire pour des raisons qui n’ont rien à voir avec son programme. Les électeurs de droite voulaient tuer Sarkozy, quant à Juppé, tout le monde le trouvait trop vieux… " "Je ne crois pas que ce soit trop tard pour un plan B. En revanche, il faudrait que ce soit Fillon qui renonce lui-même et confie l’investiture à un autre", analyse un député. "Dans tous les cas, nous ne pouvons rien faire tant que lui n’aura pas admis que ce n’est plus jouable, et ça…", rechigne un autre. Plus pragmatique, un autre parlementaire républicain parle, à défaut d’un "plan B", d’un "plan P" : "Projet contre projet, programme contre programme, mais vu que plus personne ne l’écoute…"

Pierre Lepelletier
LeJDD

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