France: vif émoi après le succès d’une collecte pour le « boxeur des gendarmes »

Un vif émoi s’est emparé mardi de la classe politique et de la police françaises après le succès rencontré par une cagnotte en faveur d’un "gilet jaune", ancien boxeur professionnel, filmé frappant des gendarmes à Paris, et érigé par certains au rang de "héros".

Mardi matin vers 08H30, plus de 117.000 euros avaient été récoltés et le nombre de donateurs grimpait de façon exponentielle (jusqu’à 8.038), avant que la plateforme de collecte en ligne Leetchi ne décide de ne plus accepter de dons.

Les fonds sont destinés à soutenir la défense de Christophe Dettinger, un ancien boxeur professionnel, qui s’est rendu à la police lundi matin après avoir admis dans une vidéo postée sur internet avoir "mal réagi" à une "colère" déclenchée, selon lui, par "la répression" policière.

Des images le montrent, ganté, assénant de violents coups de poing à deux gendarmes lors de la huitième manifestation de "gilets jaunes" à Paris, une nouvelle fois marquée par des débordements.

Les images des émeutes en plein Paris ont provoqué un "effondrement" de l’attractivité de la France à l’étranger, qui s’était redressée à "une vitesse inouïe" à la suite de l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, a averti le président de Medef international, organisation patronale.

"Quand vous êtes aux Etats-Unis, vous avez l’impression que la France est en guerre civile", a relaté Frédéric Sanchez.

Les "gilets jaunes", des Français des classes populaires et moyennes qui revêtent le gilet de sécurité fluorescent obligatoire dans les voitures, protestent depuis un mois et demi contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, qu’ils jugent injuste.

Face à la persistance des violences, et à une mobilisation qui ne s’éteint pas même si elle a faibli, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi soir une nouvelle loi "anticasseurs" avec un fichier à l’image de celui qui vise les hooligans fréquentant les stades de foot.

L’ancien boxeur a été placé en garde à vue lundi matin pour "violences volontaires en réunion et sur personne dépositaire de l’autorité publique". La garde à vue a été prolongée mardi.

Sur le site de la cagnotte, des milliers de personnes affichent leur soutien au boxeur.

"Cet homme est un héros !", dit un message signé Benoît Faivre. "A poings nus contre 5 flics tout équipés, bravo du courage !", écrit un autre. "Respect Monsieur, vous êtes un Robin des bois", affirme un internaute.

En dépit des nombreuses violences qui ont émaillé leur mobilisation, les "gilets jaunes" restent majoritairement soutenus par la population: 55% des Français souhaitent que le mouvement se poursuive, selon un sondage Odoxa Dentsu consulting publié jeudi.

La cagnotte a cependant suscité un tollé parmi la classe politique et les forces de l’ordre.

C’est "choquant", a ainsi estimé la ministre française des Transports Elisabeth Borne. "Est-ce que c’est normal de vouloir apporter un soutien à ce monsieur qu’on a vu frapper un policier à terre, qu’on a vu boxer un policier?", s’est-elle indignée.

"Apparemment, ça rapporte de frapper un policier", avait également protesté lundi le secrétaire d’Etat français chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi. "Cette cagnotte est indigne".

Cela "démontre qu’une frange de la population légitime les violences des casseurs", déplore le syndicat policier SCSI-CFDT. Les syndicats Alliance et Unsa-Police ont quant à eux évoqué "une cagnotte de la honte".

Face au tollé, la plateforme Leetchi a annoncé que la cagnotte en faveur du boxeur n’acceptait "plus de contributions".

Le site s’engage en outre à ce que les fonds collectés "servent uniquement à financer les frais de justice", a ajouté Leetchi, précisant que les dons non utilisés seraient "remboursés".

Plusieurs "contrecagnottes", en soutien aux forces de l’ordre, ont été ouvertes, dont une sur Leetchi qui avait récolté mardi soir plus de 100.000 euros.

"Merci à ceux qui respectent et protègent la liberté", "Soutien aux forces de l’ordre et CRS", "Merci à ceux qui nous protègent et gardent leur sang-froid", ont écrit des donateurs.

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