France: une ourse slovène lâchée dans les Pyrénées, les anti-ours vont la « traquer »

Une ourse capturée en Slovénie a été relâchée jeudi matin dans les Pyrénées françaises, suscitant l’ire des éleveurs anti-ours qui l’ont guettée toute la nuit, bâtons de berger à la main, et organisé les barrages des routes.

Selon des sources proches du dossier, une ourse a été lâchée dans la matinée et une deuxième ourse devrait la rejoindre prochainement.

"On a vu l’hélicoptère au-dessus d’Etsaut. Il a fait du vol stationnaire et a posé une cage. On n’a pas vu s’il y avait un ours dedans", a dit jeudi matin à l’AFP Olivier Maurin, chef de file des éleveurs béarnais anti-ours, en annonçant une future "battue d’effarouchement".

La réintroduction des ourses en Pyrénées-Atlantiques, dans l’ouest de la chaîne montagneuse, est dénoncée par une partie des bergers. Elle avait été confirmée le 20 septembre par le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Le ministre n’a pas confirmé jeudi le premier lâcher, tout en dénonçant "les attitudes inacceptables" des personnes "qui se croient autorisées à faire des barrages sur les routes, à me menacer avec des fusils".

Car les opposants, déterminés à "enlever les ourses par tous les moyens possibles" et sur le pied de guerre depuis des semaines, ont amplifié leur mouvement dans la nuit de mercredi à jeudi.

Avec des tracteurs et des ballots de paille, bâtons de bergers à la main, ils ont filtré puis barré la circulation sur les routes de la vallée, à la recherche du plantigrade dont la rumeur annonçait l’arrivée imminente.

Répartis sur des points stratégiques, ils ont tenté de repérer et arrêté dans la nuit les véhicules susceptibles, selon eux, de transporter un ours.

Au barrage de Sarrance, le maire de la commune, Jean-Pierre Chourrout-Pourtalet, assure qu’on va "traquer les ours. Moi, j’ai pris un arrêté municipal interdisant aux ours et aux loups d’être sur le territoire de la commune et je suis donc obligé de le faire respecter", dit l’élu venu "soutenir les éleveurs".

Un peu plus loin, des tracteurs coupent la route. Des bergers tirent des fusées de détresse et quelques feux d’artifice. Un feu a été allumé dans un bidon sur le bord de la route, un pique-nique s’organise.

Les téléphones sonnent. Chacun y va de sa théorie sur le lieu de lâchage. Les "collègues", postés en amont, à Oloron, auraient repéré un véhicule suspect. Le filtrage des véhicules s’intensifie. À Lourdios-Ichère, on signale un hélicoptère.

Sur une route, une inscription proclame : "la guerre est déclarée. La population est déterminée".

Des bergers à l’inverse, se réjouissent de la réintroduction des plantigrades: "Depuis la nuit des temps, les ours ont toujours été là, on a toujours cohabité. On ne les voit pas et cela ne change rien à notre vie", dit Elise Thébault, bergère à Etsaut, interrogée par l’AFP.

"C’est une bonne avancée pour la biodiversité", ajoute un membre — qui ne veut pas être nommé — du groupe Pé Descaous, qui soutient la cohabitation avec les ours, "on s’est toujours adaptés à la vie en montagne, aux intempéries et aux prédateurs et on va continuer".

Les barrages ont été levés en milieu de matinée.

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