France : un mort et des pillages après une victoire de l’Algérie en football

Une mère de famille tuée par un chauffard, des dizaines d’interpellations, des magasins pillés, des échauffourées… En France, les rassemblements de nombreux supporters célébrant la victoire de l’Algérie en quart de finale de la Coupe d’Afrique de football 2019 ont été ternis par des incidents "inacceptables" pour le gouvernement.

A Montpellier (sud-est), un supporter roulant à vive allure et klaxonnant à tout-va a perdu le contrôle de son véhicule et fauché une famille, tuant la mère de 42 ans et blessant grièvement son bébé, a-t-on appris auprès d’une source proche du dossier.

La mère de famille circulait à pied avec son bébé d’un an en poussette et sa fille de 17 ans. Elle a été tuée sur le coup. Son bébé, polytraumatisé, a été transporté en urgence absolue à l’hôpital, et son pronostic vital était engagé vendredi matin. La fille a elle été blessée à la cheville, tandis que le chauffard a été placé en garde à vue.

Tout avait commencé par une immense liesse dans plusieurs villes de France où vivent de nombreux Algériens et double-nationaux et alors que les relations France/Algérie sont compliquées. Par le passé, le football a déjà cristallisé ces tensions, comme lors d’un match France-Algérie en 2001 où des supporters algériens avaient sifflé l’hymne français et envahi le terrain.

Jeudi, à l’issue du quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN)-2019, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour fêter la qualification de l’Algérie face à la Côte d’Ivoire.

En fin de soirée, des incidents ont éclaté notamment dans le secteur de la célèbre avenue des Champs-Elysées à Paris : au total, 74 personnes ont été interpellées en France et 73 placées en garde à vue, a indiqué vendredi le ministère de l’Intérieur, à la suite de "dégradations et incidents inacceptables", selon le ministre Christophe Castaner.

Le ministre a promis "des sanctions et des moyens renforcés pour que ces comportements soient systématiquement neutralisés et que nous puissions poursuivre les auteurs".

A Paris, 40 personnes ont été placées en garde à vue, dont 10 mineurs, pour des feux et des jets de projectile. Une dizaine de commerces ont été dégradés dans le secteur des Champs-Elysées, dont certains pillés par des dizaines de personnes, comme un magasin Ducati, où des motos ont été volées. Quelque 3.000 personnes s’étaient rassemblées dans ce quartier pour faire la fête.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène notamment autour de la place de l’Etoile pour repousser des groupes qui leur lançaient des projectiles. Cinq personnes, dont deux membres des forces de l’ordre, ont été blessées dans ces heurts, ont indiqué les autorités.

Venu sur place vendredi, le préfet de police a fait un parallèle avec une manifestation du mouvement social des "gilets jaunes" qui avait dégénéré en décembre. "Comme le 1er décembre, ce sont des vols organisés, des destructions, et véritablement des pillages intolérables et que nous allons continuer à combattre extrêmement fermement", a-t-il dit.

– "Problème de sécurité" –

Le maire du XVIIe arrondissement de Paris, Geoffroy Boulard, "en colère" après ces scènes de "pillages inadmissibles" dans son secteur, a estimé qu’il y avait eu "à l’évidence un problème de sécurité". Il affirme avoir eu des garanties pour que la surveillance soit "renforcée" pour le prochain match, quand l’Algérie rencontrera le Nigeria dimanche soir, 14 juillet, jour de la fête nationale française.

En région parisienne, des poubelles ont été incendiées et des policiers pris à partie mais il n’y a eu ni blessés ni interpellations.

A Marseille (sud-est), où s’étaient réunis près de 9.000 personnes, la foule la plus importante, aucun "heurt n’a été déploré", d’après la préfecture.

A Roubaix (nord), environ 1.000 supporters ont célébré la victoire et il y a eu 14 interpellations. A Tours (centre), un mineur a été "intercepté" alors qu’il s’apprêtait à remplacer le drapeau français pour un drapeau algérien sur une place de la ville, a expliqué une source policière.

Pour le Rassemblement national (extrême droite), qui a demandé au gouvernement d’interdire aux supporters d’accéder dimanche soir aux Champs-Elysées, "il s’agit de véritables démonstrations de force dont l’objectif est de signifier ostensiblement une présence massive et un rejet de la France".

S’indignant de "débordements (…) aussi inacceptables qu’insupportables", le parti Les Républicains (droite) a réclamé "une tolérance zéro".

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