France: un budget 2018 entre déficits contraints et baisses d’impôts moindres

Sept milliards d’euros au lieu des dix jusque-là promis: le premier budget du président français Emmanuel Macron, présenté mercredi, sera moins ambitieux en matière de baisses d’impôts, tout en respectant la réduction du déficit public promise à Bruxelles.

Un "budget de transformation" du pays, axé à la fois sur le "pouvoir d’achat" et le "respect des engagements": voilà comment le gouvernement décrit son premier projet de loi de finances (PLF), censé consacrer le retour de la France dans les clous européens, avec une deuxième année consécutive sous la barre des 3% de déficit.

Paris promet que son déficit public sera ramené à 2,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2017 puis à 2,6% l’an prochain. Un effort destiné à retrouver de la "crédibilité" auprès de ses partenaires européens, au premier rang desquels Berlin, qui réclame depuis longtemps à la France des comptes publics plus vertueux.

Pour y parvenir, le ministère des Finances a annoncé une réduction de 0,7 point de la dépense publique, impliquant des coupes budgétaires inédites, chiffrées à 16 milliards d’euros. "Ca sera difficile" mais "c’est nécessaire", a justifié le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Trois secteurs seront principalement mis à contribution: l’emploi, avec une réduction drastique des contrats aidés, le logement, avec une baisse des aides aux ménages les plus modestes, et les transports, avec le gel de plusieurs grands projets d’infrastructures.

L’Etat prévoit en outre de supprimer 1.600 postes dans la fonction publique, et de réduire les dépenses de la Sécurité sociale d’environ 5,5 milliards d’euros.

Baisse d’impôts

Dans le même temps, le gouvernement français compte rendre sept milliards d’euros aux entreprises et aux ménages via des mesures fiscales, en vue de relancer l’économie et de renforcer l’attractivité de la France, selon un avis du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), organe indépendant chargé d’évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires.

"Nous baisserons les impôts à fin 2018 d’environ 10 milliards d’euros", avait pourtant assuré encore mi-septembre le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

A l’origine de cette différence? La décision annoncée fin août de décaler à l’automne une partie de la baisse des cotisations chômage et maladie prévue pour les salariés du secteur privé, a précisé à l’AFP une source proche du dossier.

"En année pleine, la baisse" des prélèvements obligatoires liée aux réformes fiscales du projet de loi de finances "sera bien de 10 milliards", a expliqué à l’AFP cette source, assurant que les objectifs seraient tenus.

Le PLF 2018, qui sera débattu durant l’automne au Parlement, prévoit notamment la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui ne touchera plus que les placements immobiliers et non plus en capital, dans le but de relancer les investissements dans les entreprises. Les revenus du capital seront de plus frappés d’un taux unique d’imposition.

Ces mesures seront complétées par une suppression des cotisations chômage et maladie pour les salariés du secteur privé, dont le coût sera compensé par une hausse de 1,7 point de la CSG, un impôt prélevé directement sur les salaires et les primes afin de financer la protection sociale.

Outre ces baisses d’impôts, le budget 2018 devra graver dans le marbre les hausses de crédits liées aux promesses de campagne d’Emmanuel Macron, dont le renforcement de la sécurité, l’accompagnement des enfants handicapés ou la revalorisation de la prime d’activité.

Plusieurs portefeuilles ministériels sont ainsi annoncés en hausse, comme la Justice, l’Enseignement supérieur ou la Défense.

Pour réussir ce numéro d’équilibriste, le gouvernement compte sur la reprise économique, synonyme de recettes supplémentaires, avec une croissance prévue de 1,7% l’an prochain.

Le Haut Conseil, dans son avis, juge "raisonnable" le "scénario macroéconomique" retenu et note qu’un effort visant à une "budgétisation plus réaliste" a été effectué. Il met toutefois en garde contre des "risques significatifs" qui existent selon lui sur "la réalisation des économies" promises par l’exécutif.

Avec AFP

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