France: polémique après l’opposition de Taubira à la déchéance de nationalité pour les binationaux

La prise de position critique de la ministre de la Justice Christiane Taubira sur la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour actes de terrorisme, prévue par un projet de réforme de la Constitution, suscite un grand débat au sein de la classe politique française.

Mme Taubira, censée défendre ce projet au parlement, avait estimé à maintes reprises que cette extension de la déchéance de la nationalité, n’est "pas souhaitable" car son efficacité est "absolument dérisoire".

Réagissant à ce sujet, les partis de la droite (opposition) ont qualifié les hostilités de la garde des sceaux à ce texte de crise gouvernementale, appelant le président français François Hollande à trancher sur le cas de Taubira.

La droite a souligné aussi que la position de la ministre de la Justice est intenable, l’invitant à démissionner du gouvernement.

Pour sa part, le Premier ministre français Manuel Valls a rappelé Christiane Taubira à son devoir de solidarité gouvernementale, notant qu’"il n’y a qu’une seule ligne possible, c’est celle qui avait été définie par le Président de la République" et que "chacun doit s’y tenir".

Le chef de l’exécutif français a aussi assuré que le gouvernement est "soudé" dans "la lutte contre le terrorisme et la protection des Français".

Cette prise de position critique de la ministre de la Justice sur la déchéance de nationalité a été largement commentée par la presse qui s’interroge : comment va-t-elle défendre le projet devant le parlement alors qu’elle a déjà affiché son hostilité.

"Taubira : l’unité pour justifier l’incohérence ?", titre "Libération" qui se demande : "Peut-on encore défendre Christiane Taubira ?".

"Certes, on conviendra que sa position est aujourd’hui sinon intenable du moins baroque. D’abord, voilà une ministre de la Justice qui va se présenter devant l’Assemblée pour défendre le projet d’inscrire dans la Constitution l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français jugés coupables de crime terroriste, tout en déclarant ouvertement que cette mesure n’est pas souhaitable, car son efficacité dans la lutte contre le terrorisme est absolument dérisoire", indique la publication, estimant qu’il y a dans cette absolue contradiction quelque chose qui vient heurter le bon sens démocratique.

Pour sa part, "Le Figaro" indique que ce nouvel épisode Taubira pose la question de l’autorité du couple exécutif, d’autant que la garde des Sceaux avait donné l’impression de faire allégeance le 23 décembre, à l’issue de ce Conseil des ministres au cours duquel le président avait finalement choisi, après de nombreux atermoiements, d’inscrire la déchéance de nationalité dans le projet de loi constitutionnel.

De son côté, "Le Monde" estime qu’il s’agit d’un rude début d’année pour la garde des sceaux qui a réaffirmé son hostilité à l’extension de la déchéance de la nationalité mais qui portera le texte au Parlement.

Annoncé au lendemain des attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, le projet de réforme constitutionnelle qui prévoit cette extension de la déchéance de la nationalité sera débattu à partir du 03 février prochain à l’Assemblée nationale.

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