France: les quartiers populaires ne signent pas un chèque en blanc à Hollande (Reportage)

Deux jours après l’élection présidentielle, une vingtaine d’associations anti-racistes, issus des quartiers populaires et de l’immigration manifestaient à Paris. Saluant la défaite de Nicolas Sarkozy, elles lançaient néanmoins un message de défiance à l’égard de François Hollande.

France: les quartiers populaires ne signent pas un chèque en blanc à Hollande (Reportage)
« 1ère, 2ème, 3ème génération, on s’en fout, on est chez nous ! » scande la foule en marche qui reformule le fameux slogan anti-raciste des manifestations de 2002 contre le Front National, alors présent au deuxième tour de l’élection présidentielle.

« Nous sommes là pour exprimer notre joie d’avoir dégagé Sarkozy, celui qui nous avait traité de racaille, qui avait promis de nous karchériser ! » déclare Sarah Benichou du NPA au micro, sous les sifflements de centaines de personnes. En l’écoutant, Khera, 63 ans, opine de la tête. « Aucun président français ne nous avait jamais fait autant de mal, alors que nous sommes intégrés ! Il a traîné les Musulmans et nos enfants dans la boue pendant cinq ans. On lui a fait payer ! ».Khera a voté Mélenchon au premier tour, puis François Hollande. Elle le met aujourd’hui en garde :« S’il est passé, c’est grâce à nous, aux quartiers populaires et aux jeunes qui se sont mobilisés et qui se sont mis à voter. Mais il faut bien qu’il comprenne que si on l’a mis au pouvoir, on peut aussi l’en sortir ! ».

Ce sentiment est largement partagé par les manifestants. Lina a pu voter pour la première fois, et elle a voté François Hollande. « Je ne crois pas qu’il va changer grand chose pour nous, mais j’attends de voir … ». Même son de cloche chez Aya, jeune militante du Parti des Indigènes. Heureuse que Sarkozy n’ait pas été réélu, elle se méfie du Parti Socialiste : « c’est un peu la droite à visage humain pour moi. Hollande est pour le maintien des centres de rétention, son discours sur l’immigration est simplement moins violent que celui de Sarkozy. Et les Socialistes, qu’ont-ils changé dans les quartiers populaires quand ils étaient au pouvoir depuis les années 80 ? ».Bernard, militant du NPA et du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), pousse l’analyse : « Il y a des attentes sociales dans le pays, des attentes des jeunes des quartiers très fortes. On a de l’espoir, mais on est vacciné de l’ère Mitterrand où l’on attendait que les changements viennent du haut. Si on a de l’espoir aujourd’hui, on sait que ça viendra si on fait pression d’en bas, car Hollande va devoir faire l’équilibre entre les attentes sociales et la pression budgétaire, économique de l’autre côté ».

Au micro, les appels à l’égalité, à la justice sociale, contre les violences policières mais aussi à la fin de la France-Afrique, à la colonisation en Palestine se succèdent. L’appel au changement concerne, aussi, la politique étrangère. Tout un programme.

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