France: le premier ministre désavoue son ministre de l’Education sur la dépénalisation du cannabis

Le ministre français de l’Education nationale Vincent Peillon a ouvert une polémique dont le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se serait bien passé en souhaitant un débat sur la dépénalisation du cannabis, suscitant l’indigation de l’opposition.
M. Peillon a été désavoué lundi par Jean-Marc Ayrault, trop tard pour faire taire les critiques de la droite sur la « cacophonie » de l’équipe au pouvoir.

France: le premier ministre désavoue son ministre de l
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a une fois de plus dû remettre au pas lundi un de ses ministres en réaffirmant que le gouvernement ne dépénaliserait pas le cannabis.

Ses services se sont efforcés d’éteindre la polémique naissante après que le ministre de l’Education nationale se fut prononcé dimanche en faveur d’un débat sur la dépénalisation comme moyen de lutte contre les trafics dans les cités.

Les propos de Vincent Peillon ont déclenché la colère de la droite, qui a dénoncé un débat "irresponsable" et appelé l’exécutif à trancher la question au plus vite.

"Il n’y aura pas de dépénalisation du cannabis", a-t-on assuré lundi à Matignon, précisant que le Premier ministre et le ministre de l’Education s’étaient entretenus dans la matinée à ce sujet.

Le ministère de l’Education a de son côté précisé lundi dans un communiqué que les propos de Vincent Peillon constituaient une "réflexion personnelle". (voir )

"Ce rappel ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière à la position du Président de la République et du gouvernement sur le sujet. Il n’y a donc pas lieu à polémique", écrit-il.

Un tel débat avait divisé le gouvernement socialiste début juin, après que la ministre du Logement Cécile Duflot, alors secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), se fut prononcée en faveur de la dépénalisation. (voir )

L’opposition de droite n’a pas tardé à parler de "cacophonie".

"Une fois de plus la cacophonie gouvernementale est à l’oeuvre, dans un secteur où tous les parents d’élèves de France attendent du sérieux, de l’autorité", a ainsi écrit dans un communiqué l’ancien Premier ministre et candidat à la présidence de l’UMP François Fillon.

"Le ministre de l’Education engage un débat qui va à l’encontre de l’école du respect et de l’autorité qu’il convient de mettre en place", a-t-il ajouté.

De nombreuses voix se sont élevées pour déplorer que ce débat soit lancé par le ministre de l’Education nationale.

Sur Twitter, Valérie Pécresse, l’ancienne ministre du Budget et soutien de François Fillon dans la course à la tête de l’UMP, a jugé que cet épisode était du "jamais vu".

"Du jamais vu! Un ministre de l’Education nationale irresponsable prêche la dépénalisation du cannabis. Quel impact sur l’échec scolaire? ", s’est-elle ainsi interrogée sur Twitter.

Le député socialiste de Paris Jean-Christophe Cambadélis a également estimé sur Radio Classique et Public Sénat que ce n’était pas le rôle du ministre de l’Education nationale d’ouvrir ce débat.

Avant la clarification de Matignon, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a sommé lundi matin François Hollande de trancher la question dans la journée.

"Il y a des sujets sur lesquels ça suffit de faire n’importe quoi", a-t-il ajouté sur France Info, mettant en avant les "ravages" du cannabis sur la santé, notamment des jeunes.

"La question de son maintien au gouvernement est clairement posée", a-t-il poursuivi.

Interrogé sur RTL, l’ancien ministre de l’Economie François Baroin a jugé ce débat "irresponsable" et "menaçant". Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a de son côté estimé dans un communiqué que le ministre donnait un "signal permissif et délétère".

Vincent Peillon a toutefois reçu le soutien de l’écologiste Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale, qui a qualifié sur Europe 1 sa démarche de "courageuse". EELV est favorable à la dépénalisation du cannabis.

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