France: le gouvernement dévoile vendredi sa recette budgétaire pour 2020

Le gouvernement doit présenter vendredi son projet de budget pour 2020, qu’il a décidé de placer sous le signe des baisses d’impôts pour les ménages près d’un an après le déclenchement du mouvement des « gilets jaunes », quitte à temporiser sur la réduction de la dette.

Ce n’est pas le scénario qu’avait prévu l’exécutif mais la crise des "gilets jaunes" et le ralentissement de la croissance mondiale sont venus chambouler la préparation du projet de loi de finances (PLF) qui sera dévoilé en conseil des ministres.

Pour calmer la grogne sociale, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé au printemps 5 milliards d’euros de baisses d’impôts sur le revenu pour les ménages et la réindexation sur l’inflation d’une partie des petites de retraites, pour un coût de 1,5 milliard d’euros.

Ces mesures de soutien au pouvoir d’achat des Français sont venues s’ajouter à la poursuite prévue de la suppression de la taxe d’habitation (plus de 3 milliards d’euros), dont seront exemptés 80% des ménages.

A charge pour le gouvernement de trouver comment boucler un budget 2020 qui devait initialement montrer les efforts de la France pour réduire ses dépenses et baisser son déficit.

"Puisqu’une partie de la révolte des gilets jaunes a porté sur l’injustice fiscale (…) il y avait un mouvement de correction qui devait être fait pour les classes moyennes et les plus bas revenus", estime Alain Trannoy, directeur de recherche à l’EHESS.

A ce défi se greffent le ralentissement de la croissance mondiale et les risques liés aux tensions commerciales sino-américaines et au Brexit, même si l’économie française résiste mieux qu’ailleurs.

– croissance ralentie –

Selon Bercy, la hausse du produit intérieur brut devrait finalement atteindre 1,3% l’an prochain, contre 1,4% initialement prévu. La croissance marquerait donc le pas par rapport au 1,4% attendu cette année.

Ce tassement ne fait pas les affaires du gouvernement en réduisant ses marges de manœuvres, alors qu’il a déjà des difficultés à financer les annonces présidentielles par des mesures d’économies.

Si le projet de loi de finances confirmera le quasi gel des allocations familiales et des aides personnalisées au logement, il va surtout puiser plus de 1,3 milliard d’euros dans la poche des entreprises, avec la suppression de niches fiscales et une moindre baisse de l’impôt sur les sociétés.

Mais là encore, Bercy a dû reculer par rapport à ses ambitions initiales face à la grogne des patrons.

Côté amaigrissement de l’Etat, la ceinture sera un peu relâchée, puisque le gouvernement table sur 2.593 suppressions de postes dans la fonction publique, essentiellement dans le périmètre des ministères des Comptes publics et de la Transition écologique, contre 4.100 cette année.

– le piège des finances locales –

Un moindre effort que le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, a expliqué par les "engagements" de M. Macron en ce qui concerne l’éducation, mais aussi par les attentes des Français en matière de "proximité des services publics".

A moins de six mois des élections municipales, le gouvernement est aussi attendu sur les finances locales, alors que la deuxième phase de suppression de la taxe d’habitation va enlever aux communes une grande part de leurs ressources.

Les élus seront vigilants sur la compensation promise "à l’euro près", qui devrait passer par un jeu de chaises musicales: les communes récupèreraient la part de la taxe foncière allant jusqu’ici aux départements qui se verraient attribuer une portion des recettes de la TVA.

Conséquence, le déficit devrait bien baisser l’an prochain (de 3,1% du PIB en 2019 à 2,2%), mais si on enlève l’impact de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de cotisations sociales qui avait plombé l’exercice budgétaire, il va en réalité stagner.

La seule Sécurité sociale devrait elle voir son déficit replonger, avec les annonces de M. Macron et les promesses de moyens supplémentaires pour l’hôpital ou les Ehpad.

Malgré la bouffée d’air apportée par les taux d’intérêt bas, la dette publique devrait donc à peine baisser l’an prochain, à 98,7%, après 98,8% cette année.

"Dans ce contexte de taux bas, le gouvernement a raison de laisser un peu filer le déficit", estime M. Trannoy, qui note toutefois que "sur le quinquennat, le bilan sera pauvre en matière d’économies".

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