France: l’usage du controversé lanceur de balles de défense reste autorisé

Les policiers pourront continuer d’utiliser leurs lanceurs de balles de défense (LBD) lors des manifestations, selon une décision de la justice française malgré la polémique autour de la dangerosité de cette arme non létale accusée d’avoir éborgné plusieurs manifestants.

Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, a vendredi estimé que le risque de violences dans les manifestations rend "nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes" tirant des balles de caoutchouc de 40 mm de diamètre.

En pleine polémique sur les "violences policières" qui émaillent les manifestations des "gilets jaunes", le Conseil avait été saisi par le syndicat CGT et la Ligue des droits de l’homme (LDH) qui demandaient l’interdiction des LBD.

Leurs arguments étaient nombreux: "arme mutilante", doute sur les "conditions légales d’utilisation", "formation insuffisante". Ils ont tous été balayés par le Conseil d’Etat, qui a pleinement entendu la voix du gouvernement.

Sa décision intervient à la veille d’un nouveau samedi des "gilets jaunes", qui protestent chaque semaine depuis la mi-novembre dans toute la France contre la politique sociale et fiscale du gouvernement.

Quelque 80.000 policiers sont mobilisés pour ces manifestations qui ont régulièrement été marquées par des violences et des affrontements avec les forces de l’ordre.

Le risque de nouvelles violences "rend nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes, qui demeurent particulièrement appropriées pour faire face à ce type de situations, sous réserve du strict respect des conditions d’usage", explique le Conseil d’Etat.

Le 26 janvier, l’une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues, a été gravement blessé à un oeil, affirmant avoir été touché par une balle de défense.

"Je suis triste, en colère et dans l’incompréhension. Des gens sont mutilés, on devient des gueules cassées alors qu’on demande un bout de pain", a réagi M. Rodrigues auprès de l’AFP, qualifiant la décision "d’irresponsable".

De son côté, le premier syndicat chez les policiers, Alliance, a salué une "sage décision".

Le LBD-40, successeur du "Flash-Ball" utilisé à partir des années 90 avant d’être abandonné pour son imprécision, fait débat depuis plusieurs années.

Selon le collectif militant "Désarmons-les", une vingtaine de manifestants ont été blessés à l’oeil et la plupart éborgnés.

La douzième journée de mobilisation des "gilets jaunes" samedi sera dédiée aux blessés – plus de 1.900 depuis le début du mouvement social selon les chiffres officiels.

De source policière, 116 enquêtes ont été ouvertes par la police des polices après des plaintes de manifestants. Selon une source proche de l’enquête, au moins 36 de ces enquêtes visent à déterminer si le LBD est en cause et "dix blessures très graves au niveau des yeux" ont été comptabilisées jusqu’à présent.

En France, les forces de l’ordre peuvent se servir de cette arme dans des conditions proches de la légitime défense et doivent exclusivement viser le torse ou les membres.

Des vidéos qui inondent internet et les réseaux sociaux depuis le début de la crise des "gilets jaunes" montrent que ces consignes ne sont pas toujours respectées.

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