France: l’Elysée commande un nouveau service de table à un prix « camouflé »

La présidence française a commandé un nouveau service de vaisselle pour ses dîners d’Etat, le premier depuis plus d’un demi-siècle, en s’efforçant de « camoufler » son coût, a dénoncé l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné.

Une commande a été faite à des artistes, pour une enveloppe de 50.000 euros, prise en charge par le ministère français de la Culture. Le coût total de la production de la vaisselle est compris "dans l’allocation du budget annuel de la Manufacture, qui ne variera pas avec cette commande", a assuré l’Elysée.

La manufacture de Sèvres et Limoges a confirmé que "le budget de production du service de table de l’Elysée est pris en charge sur le budget de fonctionnement annuel de l’établissement", qui s’élève actuellement à environ quatre millions d’euros. Avec cette enveloppe, elle fournit les services de l’Etat comme les ministères, les préfectures ou les ambassades. La fourniture à l’Elysée de ses services de tables et pièces de décor remonte au XVIIIème siècle.

L’enveloppe fournie par le ministère de la Culture couvre "la rémunération des artistes qui ont participé au projet ainsi que des frais techniques", a précisé la manufacture.

Ce nouveau service de table va comporter 1.200 pièces et sa production va s’échelonner "sur trois ans, avec une première livraison prévue pour fin 2018", a indiqué la Manufacture dans un communiqué, publié après les informations du Canard Enchaîné.

Dans un entretien au journal Le Figaro, la directrice générale de la Cité de la céramique Sèvres et Limoges, Romane Sarfati, a indiqué: "nous sommes au tout début du projet et nous n’avons pas encore calculé de prix de revient. Il dépendra notamment du temps passé à sa réalisation".

"Chacune des assiettes comportera un détail du plan (du palais présidentiel), et sera unique. Lors des grandes réceptions d’État, les invités dîneront dans une constellation du palais", a-t-elle poursuivi.

De son côté, Le Canard enchaîné a estimé mercredi le prix réel de l’opération autour du demi-million d’euros au vu des tarifs courants affichés par la Manufacture de Sèvres. "Soit 400 euros pièce pour les assiettes les plus simples et +à partir de 500 euros+ pour les modèles contemporains", écrit l’hebdomadaire, estimant que l’Elysée "camoufle le prix réel de cette emplette".

Ces informations ont émergé au lendemain de propos controversés du président français sur les aides sociales. Dans une vidéo diffusée sur Twitter, Emmanuel Macron a regretté que les aides sociales coûtent "un pognon de dingue" dépensé "dans les minima sociaux" sans permettre "aux gens de s’en sortir".

L’Elysée a expliqué qu’un nouveau service était nécessaire pour les grands dîners, dont ceux d’Etat (environ 300 couverts). Selon les services de l’intendance, il manquait un service moderne et adapté au cadre fastueux du palais de l’Elysée. Le précédent service dédié aux grands dîner avait été commandé dans les années 1950 par le président René Coty.

Dans un rapport spécial sur le budget des "pouvoirs publics", transmis jeudi à l’AFP, le député français Philippe Vigier recommande, comme la Cour des comptes, que les frais liés aux meubles ou objets mis à disposition de l’Elysée soient "intégrés dans le budget de la présidence" et non dans celui du ministère de la Culture.

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