France: élections régionales dans l’ombre des attentats, l’extrême droite vise un succès historique

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche en France pour le premier tour des élections régionales, dernier scrutin avant les présidentielles de 2017. Ce scrutin, dont l’issue devrait préfigurer les challenges de l’élection présidentielle de 2017, se déroule, une fois n’est pas coutume, sous l’état d’urgence, décrété au lendemain des attentats terroristes qui ont visé Paris, le 13 novembre dernier, qui ont fait 130 morts et 352 blessés.
L’issue de ces élections, dont le deuxième tour aura lieu la semaine prochaine, devrait donner corps au nouveau découpage des régions (12 plus la Corse), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2016, et dont l’objectif vise le « renforcement des capacités de pilotage stratégique » de ces entités territoriales en matière de développement économique.

Encore sous le choc des attentats de Paris, les Français votaient dimanche pour des élections régionales, dernier test avant la présidentielle en 2017, qui devraient confirmer une inexorable poussée de l’extrême droite, en position de sceller un succès historique.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 GMT et 44,6 millions d’électeurs français sont appelés à élire leurs nouveaux conseils régionaux.

Trois semaines après les pires attentats jamais commis en France – 130 morts et des centaines de blessés – le scrutin se déroule sous "état d’urgence", avec des mesures de sécurité renforcées autour des bureaux de vote, notamment dans la capitale.

Après des percées spectaculaires l’an dernier aux municipales et aux européennes, le parti d’extrême droite Front national (FN) apparaît en mesure d’emporter au moins deux régions, voire trois, sur 13 au total, du jamais vu.

Sa présidente, Marine Le Pen, part grande favorite dans le Nord (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), où elle se présente. Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen est aussi en pole position dans le Sud, en Provence Alpes-Côte d’Azur.

Plus d’un électeur sur deux s’était abstenu lors des régionales de 2010 et les appels à la "mobilisation générale" se sont multipliés, dans les médias, les milieux économiques ou les syndicats, pour convaincre les Français de faire barrage au FN.

"Je vote blanc, c’est tous des enfoirés", confiait dimanche matin à l’AFP Monique Brossier, 66 ans, une habituée du bar "A la bonne bière", l’un des cibles des attentats du 13 novembre.

Au coude-à-coude avec l’opposition de droite avec 27 à 30% d’intentions de vote et loin devant les socialistes au pouvoir (22 à 23%), le FN peut même nourrir des ambitions supplémentaires.

Les derniers sondages le placent en tête dans six régions au premier tour dimanche et envisagent sa victoire dans trois au second tour le 13 décembre: le Nord, la Provence et la grande région Est, où se présente le bras droit et "stratège" de Marine Le Pen, Florian Philippot.

Le FN serait également en mesure de se maintenir partout en métropole au second tour, imposant autant de triangulaires à hauts risques à ses adversaires.

Les attentats jihadistes à Paris le 13 novembre ont écrasé la campagne, contribuant largement, dans une atmosphère mêlant recueillement, appels à la "guerre" contre l’Etat islamique et renouveau des symboles patriotiques, à brouiller les traditionnels clivages politiques.

Le parti de Marine Le Pen s’est trouvé conforté dans son discours nationaliste et anti-immigration par la révélation que deux des kamikazes auteurs des tueries de la capitale avaient gagné la France après s’être glissés parmi des migrants débarqués en Grèce.

– Appels à la mobilisation –

A l’inverse, les socialistes au pouvoir n’ont pas tiré profit jusqu’ici du spectaculaire regain de popularité enregistré par François Hollande, dont le virage sécuritaire dans la foulée des attentats a reçu un large soutien dans l’opinion.

Crédité de 22 à 23% au premier tour, le PS, à la tête depuis 2010 de toutes les régions sauf une, pourrait n’en conserver que trois ou quatre.

Le parti présidentiel joue la carte de l’unité nationale derrière François Hollande mais il pâtit de l’échec de l’exécutif à juguler le chômage, monté en octobre à 10,2% de la population, son plus haut niveau depuis 1997.

Il souffre aussi de la faiblesse de l’ensemble de la gauche, qui se présente divisée au premier tour, même s’il espère la rassembler au second.

Promise à une large victoire avant les attentats, l’opposition de droite espère gagner une majorité de régions, mais les intentions de vote en faveur du parti Les Républicains (LR) de l’ancien président Nicolas Sarkozy se sont érodées au profit du FN.

L’issue du scrutin dépendra beaucoup de l’attitude au second tour du PS et des Républicains dans les régions susceptibles de basculer à l’extrême droite: désistement voire alliance pour tenter de lui barrer la route, ou triangulaires risquant d’assurer sa victoire.

En outre, l’abstention s’annonce forte, autour de 50%, comme c’est devenu la règle pour ce type d’élections intermédiaires.

Les bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 17H00 GMT dans la plupart des villes, et dans certaines grandes métropoles jusqu’à 19H00 GMT, heure à laquelle sont attendues les premières estimations.

Les élections régionales sont les dernières prévues en France avant la présidentielle de 2017, pour laquelle Marine Le Pen est aussi donnée en tête des intentions de vote au premier tour.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite