France: deux femmes et deux hommes au Panthéon pour exalter « l’esprit de Résistance »

Le président socialiste François Hollande va exalter mercredi "l’esprit de Résistance" lors de l’entrée de quatre figures de la lutte contre l’occupation nazie au Panthéon, où la France honore les grands personnages ayant marqué l’histoire républicaine.

Les résistants Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay vont rejoindre les auteurs Voltaire et Victor Hugo et l’homme politique Jean Jaurès dans ce temple laïque situé dans le Quartier latin, au coeur de Paris, lors d’une cérémonie à l’occasion de la journée nationale de la Résistance.

Selon son entourage, François Hollande va prononcer un discours "important" pour appeler à l’unité de la Nation et invoquer "l’esprit de Résistance", quatre mois après les attentats de Paris.

Ces attaques contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, un magasin cacher et des policiers (17 morts) avaient provoqué une vague d’émotion et des manifestations dans toute la France.

Il revient aux présidents de la République de choisir les personnalités jugées dignes d’entrer au Panthéon, une façon d’afficher leur propre vision de l’histoire et de la "grandeur" de la France. Hommes politiques, écrivains, philosophes, scientifiques, elles sont actuellement 71 à y reposer.

François Hollande, pressé de "faire entrer le peuple" dans un monument historique plus fréquenté par les touristes étrangers que par les Français, a décidé d’innover en y nommant quatre personnes d’un coup, et en respectant une parité symbolique: deux hommes et deux femmes.

Il s’agit d’honorer quatre personnes "qui ont incarné les valeurs de la France quand elle était à terre", a expliqué François Hollande le 21 février 2014, lors d’une cérémonie en mémoire de la Résistance.

Deux cercueils sans dépouilles

Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion rejoindront ainsi la scientifique d’origine polonaise Marie Curie, l’unique femme jusqu’ici admise dans la crypte très masculine du Panthéon avec l’épouse et collaboratrice d’un autre scientifique, Marcellin Berthelot, "panthéonisée" en même temps que lui.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002), nièce du général de Gaulle, et Germaine Tillion (1907-2008) avaient participé au réseau de Résistance dit du "Musée de l’Homme" créé dès juillet 1940, quelques jours après l’entrée de l’armée allemande à Paris.

Arrêtées à des dates différentes, elles seront l’une et l’autre déportées au camp de Ravensbrück (Allemagne). La première sera ensuite une militante déterminée contre la misère à la tête de l’association ATD Quart Monde, et la seconde une ethnologue de renom.

Pierre Brossolette (1903-1944), intellectuel et journaliste socialiste, fut l’un des chefs de la Résistance intérieure, qui se donnera la mort après son arrestation et deux jours de torture. Il rejoindra au Panthéon Jean Moulin, autre grande figure de la Résistance intérieure mort sous la torture en 1943, que le général de Gaulle avait fait entrer au Panthéon en 1964.

Quant à Jean Zay, (1904-1944), ministre du Front populaire en 1936, il fut parmi les parlementaires qui tentèrent en juin 1940 de gagner l’Afrique du Nord pour y constituer un gouvernement en exil et y poursuivre la lutte, alors que le nouveau chef du gouvernement Philippe Pétain avait décidé la capitulation. Arrêté, il fut jugé pour "désertion". Objet de la vindicte des "collaborateurs" en raison de son origine juive, il est assassiné par des miliciens deux semaines après le débarquement allié en Normandie.

Les cercueils des résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz seront installées au Panthéon sans leurs dépouilles, à la demande de leurs familles qui ont souhaité les garder dans les cimetières où elles sont inhumées.

Un cas similaire s’était produit en 2011, lorsque le président de droite Nicolas Sarkozy avait voulu honorer le poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire. Selon les volontés de ce militant anticolonialiste et défenseur de la cause noire décédé en 2008, il reste inhumé en Martinique, dans les Antilles françaises, mais une plaque a été apposée à l’intérieur du Panthéon.

Quant à la famille de l’écrivain Albert Camus, elle s’était fermement opposée en 2009 au projet de M. Sarkozy de transférer les cendre du prix Nobel 1957, y voyant une tentative de récupération politique.

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