France: décès de Jacques Chancel, grande voix de la radio et de la télévision

– Au mot « interview », il préférait ceux de « conversation » ou de « rencontre »: Jacques Chancel, qui a marqué l’histoire de la radio et de la télévision françaises avec « Radioscopie » et « Le Grand Echiquier », vient de mourir à l’âge de 86 ans.

Son décès dans la nuit de lundi à mardi a été annoncé par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet. "Grande tristesse et émotion pour Radio France", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

"Jacques Chancel m’a élevé avec Radioscopie et Le Grand Echiquier. Merci monsieur", a réagi par le même canal le comédien François Morel, un témoignage parmi d’autres de l’influence exercée sur de nombreux Français par ce passeur de culture et de mémoire.

Artistes, écrivains, chercheurs, hommes et femmes politiques, se sont succédé pendant plusieurs décennies pour des entretiens menés sur le ton de la confidence par ce boulimique de lecture. Sa célèbre question "Et Dieu dans tout ça", posée en 1978 au secrétaire général du Parti communiste Georges Marchais en conclusion d’une "Radioscopie" est passée dans la légende.

Jacques Chancel a "incarné le service public de l’audiovisuel" et ses émissions "ont marqué des générations de Français", a souligné mardi le président François Hollande, rendant hommage à "une voix", "une passion" et "une vocation".

Né le 2 juillet 1928 d’un père menuisier et d’une mère issue d’un milieu aisé, Jacques Chancel (de son vrai nom Joseph André Crampes) avait étudié adolescent dans une école militaire avant de se porter volontaire pour la guerre d’Indochine en 1945. Victime d’un accident qui le blesse aux yeux, il manque de perdre la vue. Il devient ensuite reporter pour la radio France-Asie dans la région puis correspondant pour le magazine Paris-Match, pendant trois ans.

Il dira plus tard que l’Indochine avait été "une expérience déterminante". "J’ai été plongé très jeune dans la démence, dans un monde où les saints et les salauds cohabitaient si bien qu’il était nécessaire d’installer la dérision et d’acquérir ensuite une certaine forme de sérénité", déclarait-il.

– Courtoisie –

De retour en France en 1956, il devient chroniqueur télé et radio pour des magazines.

Il se lance ensuite dans la radio et la télévision, où il va occuper plusieurs postes hiérarchiques et surtout créer des émissions devenues cultes.

Sur la radio publique France Inter, il donne naissance à Radioscopie, une émission quotidienne qu’il animera pendant 17 ans. Son principe: une heure de conversation en direct qui ne soit à aucun moment interrompue par de la musique.

De 1968 à 1982 puis de 1988 à 1990, il reçoit des milliers d’invités, célèbres ou inconnus. Les écrivains Albert Cohen, Maurice Genevoix, Henry de Montherlant, les peintres Chagall, Salvador Dali, le cinéaste Abel Gance, sont quelques uns de ceux qui sont venus "converser" avec Jacques Chancel.

Ses entretiens, il les conduit sans agressivité, en s’interdisant de s’immiscer dans la vie privée de ses interlocuteurs. Mais il parvient à les amener tout doucement sur le terrain des "grandes questions", telles que la vie, la mort ou l’amour.

Il est parfois brocardé pour son ton de voix particulier, à la limite de l’emphase, son enthousiasme (ses invités étaient souvent "époustouflants" et leurs oeuvres "magiques") et son extrême courtoisie.

"Par le biais de la courtoisie, tout peut être amené, tout peut être dit", se défendait celui que l’on surnommait "l’accoucheur".

A la télévision, il lance en 1971 "Grand Amphi" qui devient un an plus tard "Le Grand échiquier". Là aussi, il a pour but de faire connaître au plus grand nombre des artistes, musiciens, écrivains, en veillant à ne pas tomber dans l’élitisme.

Il a aussi écrit de nombreux livres.

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