France: ces candidats de gauche et droite qui surfent sur la vague Macron

Exit le logo de leur parti sur les tracts, remplacé par des couleurs et des slogans calqués sur ceux du nouveau président français: à droite comme à gauche, des candidats aux législatives surfent sur la vague Macron qui brise les lignes politiques.

"Aujourd’hui dans un pot de yaourt c’est le goût qui compte, pas son étiquette", confie Pierre-Yves Bournazel, candidat du parti de droite Les Républicains (LR) dans le quartier de Montmartre à Paris, où, comme dans le reste de la capitale, Emmanuel Macron a été plébiscité à l’élection présidentielle.

Sur son affiche estampillée "majorité présidentielle", pas de référence au parti qui l’a investi. Mais l’élu local ne voit pas de contradiction dans son positionnement.

Comme le nouveau président, M. Bournazel a 39 ans et veut "promouvoir des idées neuves et de nouveaux comportements politiques". Le programme de ce candidat de la droite modérée ressemble à s’y méprendre à celui du jeune chef de l’Etat centriste, arrivé au pouvoir mi-mai après avoir disqualifié, dès le premier tour de l’élection, les deux partis traditionnels de gauche et de droite qui dominaient la vie politique française depuis 60 ans.

Signe de ces lignes politiques mouvantes, l’ancienne ministre socialiste du quinquennat de François Hollande, Myriam El-Khomri, se présente dans la même circonscription et se dit elle aussi "avec Emmanuel Macron, pour une majorité de progrès".

"Je suis candidate socialiste, c’est clair, et une femme de gauche, mais d’une gauche de gouvernement, avec une conscience de ce qu’est la culture du compromis", se justifie-t-elle.

Comme elle, une quinzaine de candidats investis par le Parti Socialiste (PS) dans différentes circonscriptions françaises, dont Marisol Touraine, autre ancienne ministre socialiste, font campagne sous la bannière "majorité présidentielle".

Tout en bas de l’affiche de Mme El-Khomri, le logo du PS se fait discret. Exit le rose socialiste, au profit d’un bleu clair très macronien. Il est vrai que sa famille politique d’origine n’a pas le vent en poupe: le candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, n’a recueilli que 6% des voix au premier tour – une défaite historique – et le PS craint une nouvelle déroute aux législatives.

Le jeune parti d’Emmanuel Macron, La République en marche, a fait le choix de n’investir aucun candidat face à Mme El-Khomri et M. Bournazel: les deux profils sont jugés compatibles avec la majorité présidentielle, l’objectif étant d’obtenir le plus grand nombre d’alliés au parlement. Au risque de déboussoler les électeurs.

"Le plus étonnant, c’est de voir chacun nous expliquer qu’il est plus En Marche! que l’autre, quand bien même ils sont ancrés dans leurs partis respectifs depuis longtemps", souligne Olivier, 49 ans, partisan d’Emmanuel Macron.

Le phénomène s’explique par l’"émergence d’une nouvelle polarisation dans le champ politique français qui remplace l’ancien clivage gauche/droite, entre un bloc +élitaire+ et un bloc +populaire+ beaucoup plus divisé, qui va de la gauche radicale à l’extrême droite", fait valoir le politologue Jérôme Sainte-Marie.

"Aujourd’hui, les libéraux des deux camps se retrouvent dans Macron, libéraux économiques comme libéraux culturels, et voient en lui la solution au blocage des réformes. Cette cohérence idéologique fait la force de Macron" qui a débauché son Premier ministre à droite pour diriger un gouvernement transpartisan, affirme-t-il.

Cette situation inédite crée un malaise dans les rangs du PS qui n’a pas retiré son investiture à ces candidats ambigus tout en dénonçant leur "opportunisme".

Le chef de file du PS Jean-Christophe Cambadélis préfère temporiser, estimant que l’heure n’est pas aux sanctions. "On a déjà exclu énormément de monde, on a défini une politique vis-à-vis de ceux qui sont partis à En Marche, maintenant place à la campagne!", plaide-t-il.

A une semaine du premier tour des législatives le 11 juin, le parti d’Emmanuel Macron arrive en tête des intentions de vote (31%), devant la droite LR (22%), l’extrême droite (18%), la gauche radicale (11,5%) et le PS (8,5%), selon un sondage publié vendredi.

afp

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