France: après sa large victoire, Macron à la recherche d’une majorité

Le pro-Européen Emmanuel Macron, largement élu président, s’attelle dès lundi à la composition de son gouvernement pour mener la difficile bataille des élections législatives de juin dans une France profondément divisée.

Il doit assister lundi au côté du président socialiste sortant François Hollande aux commémorations de la victoire du 8 mai 1945 à Paris, avant une passation de pouvoir prévue le week-end prochain.

La presse soulignait la difficulté de la tâche à venir. Pour le quotidien de gauche Libération, il s’agit d’une "victoire sous pression", car "la forte abstention, malgré la menace de l’extrême droite, est déjà le signe d’une insatisfaction vis-à-vis du nouveau président".

Le quotidien de droite Le Figaro voit lui "une élection en demi-teinte", avec la plus forte abstention depuis 1969 et une dispersion de l’électorat en quatre blocs. Le journal anticipe des législatives difficiles pour le nouveau président "d’ores et déjà privé d’un état de grâce".

Emmanuel Macron, qui va devenir à 39 ans le plus jeune président de l’histoire de France, a reconnu dimanche soir n’avoir pas reçu "un blanc-seing" des électeurs, en dépit de sa large victoire (66% des voix) face à la cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen, qui réalise toutefois un score historique (34%).

Entre l’abstention record (24,95%) et un nombre historique de votes blancs et nuls (un peu plus de 4 millions), plus d’un Français sur trois a refusé de choisir entre lui et Marine Le Pen, 48 ans.

"Je me battrai de toutes mes forces contre les divisions qui nous minent", a promis Emmanuel Macron, arrivé au sommet de l’Etat après une ascension fulgurante. Devant des milliers de partisans réunis dans la cour du Louvre à Paris, il a dit avoir entendu la "colère" de ceux qui ont voté pour sa rivale.

Des chantiers majeurs attendent désormais le nouveau président: endiguer un chômage endémique (10%), faire face à une forte menace terroriste et relancer une Europe affaiblie.

M. Macron doit dévoiler dans les prochains jours le nom de son Premier ministre et la composition du futur gouvernement avant de solliciter une majorité aux élections législatives (11 et 18 juin), afin de mettre en oeuvre son programme: vaste réforme du droit du travail, réduction des dépenses publiques, renforcement du couple franco-allemand.

A un mois du scrutin, il a appelé les électeurs à lui donner "une majorité vraie, forte, de changement".

Selon un sondage, En Marche!, le mouvement de M. Macron, recueillerait entre 24% et 26% des intentions de vote aux législatives, devant la droite (22%), le Front national (21-22%), la gauche radicale (13%-15%) et le parti socialiste (8-9%).

L’élection d’Emmanuel Macron a été saluée par les dirigeants européens, inquiets de la poussée des nationalistes en Europe. Le président américain Donald Trump lui a aussi adressé ses félicitations.

L’euro a réagi positivement en grimpant face au dollar sur le marché des changes en Asie.

Paris vote Macron

Disqualifiés à l’issue du premier tour -une première dans l’histoire politique d’après-guerre-, les deux grands partis traditionnels de gauche et de droite ont commencé à se mettre en ordre de marche pour prendre leur revanche.

Le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 19,58% des suffrages au premier tour, a aussi appelé les Français à se "fédérer" pour les législatives pour s’opposer au "nouveau monarque présidentiel".

Sévèrement battue, Marine Le Pen, qui a mené une campagne agressive contre l’immigration, l’euro, la mondialisation et l’Union européenne, s’est cependant félicitée du résultat "historique et massif" de son parti.

Celle qui s’est présentée comme "la candidate du peuple" misait sur la même vague qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche et conduit la Grande-Bretagne à voter pour la sortie de l’Union européenne, mais elle n’a pas réussi son pari.

Elle a promis "une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes".

Paris, la chic et cosmopolite capitale française, a voté Macron à presque 90%, à l’image d’un scrutin qui a révélé des fractures profondes entre gagnants et perdants de la mondialisation.

M. Macron, fils de médecins au physique de jeune premier, yeux bleus et coupe sage, issu des écoles de l’élite française, obtient un mandat de cinq ans à la tête d’une des grandes puissances mondiales, détentrice de l’arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et moteur de l’Union européenne.

(Avec AFP)

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