France : après la présidentielle, quelle majorité pour le vainqueur ?

Quelle majorité parlementaire pour le futur président français ? Que le centriste Emmanuel Macron ou la candidate d’extrême droite Marine Le Pen l’emporte le 7 mai prochain, chacun devra batailler pour trouver une majorité aux législatives de juin, cruciale pour gouverner sans frein.

Donné favori, Emmanuel Macron s’est engagé dès dimanche soir à "construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle", alors que son mouvement, "En Marche!", créé il y a un an à peine, n’a pas encore d’ancrage électoral.

Le jeune prétendant arrivé en tête du premier tour dimanche, avec une avance confortable sur l’extrême droite, se dit persuadé que les Français seront "cohérents" : "s’ils votent pour m’élire président", dit-il, "ils me donneront une majorité à l’Assemblée" lors des législatives des 11 et 18 juin.

Jérôme Sainte-Marie, de l’institut Polling Vox, est du même avis : "Quel que soit le président élu, les Français confirment" au parlement le choix de leur président. Pour lui, Emmanuel Macron a "un atout" : "il est compatible avec une partie de la gauche et une partie de la droite".

Mais pour d’autres analystes la partie est loin d’être jouée : Emmanuel Macron "n’a pas assez d’alliances ou d’accords", estime Frédéric Sawicki, professeur à la Sorbonne. Une majorité pour lui serait "possible mais difficile", renchérit Bruno Jeanbart, d’Opinionway.

Et la déroute des vieux partis de gouvernement (Les Républicains à droite, le Parti socialiste à gauche) – tous deux éliminés au premier tour – n’augure pas forcément de la défaite de leurs élus enracinés localement.

Philippe Braud, spécialiste de sociologie politique, pense que "lors des législatives se manifestera une résistance du clivage droite-gauche". "Surtout à droite", pointe-t-il, car la présidentielle a signé "l’échec personnel" de son candidat, François Fillon, empêtré dans les affaires, plus que celui du parti.

Législatives, enjeu crucial

Le parti Les Républicains est d’ailleurs bien décidé à se battre pour reprendre la main aux législatives et imposer une cohabitation au prochain président. "J’ai le sentiment que nos idées restent majoritaires", déclarait dimanche soir le chef de file du parti de droite Christian Jacob en appelant le centre et la droite à se mobiliser "maintenant".

À ce stade seules 14 personnalités ont reçu investiture "d’En Marche!", pour 577 circonscriptions. Laurence Haïm, porte-parole d’EM, est se montre cependant sereine : les candidats ne manquent pas – 15.000 CV reçus – avec des investitures prévues en deux phases, entre les deux tours, puis après le second tour.

"Le plus important, c’est que la moitié des candidats viennent de la société civile. Il y a une vraie volonté d’Emmanuel Macron de renouveler complètement le paysage politique français", affirme-t-elle. Dans cette optique, l’ancien ministre a fermé jusqu’ici la porte à tout accord d’appareil, hormis avec le parti de François Bayrou, son allié centriste.

Les socialistes – dont le président François Hollande- ont appelé à voter Macron au second tour mais un rapport de forces se profile. Faute d’accord de désistement, "il n’y aura pas beaucoup de députés socialistes et pas beaucoup de députés En Marche!", commente un proche du président Hollande. "S’il présente 577 candidats (…) il finit avec 40-50 députés à peine", prévient-il.

Après le cuisant échec de leur candidat Benoît Hamon (6,35% des voix), aboutissement de querelles intestines, les socialistes redoutent d’être laminés en juin.

L’ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, qui a rallié Emmanuel Macron avant le premier tour, a estimé que son ancien ministre de l’Economie avait désormais la "responsabilité majeure" de rassembler. "Nous devons être prêts à le soutenir, à l’aider, à participer à cette majorité", a-t-il dit.

De son côté, le Front national, qui aborde le second tour en challenger, espère une percée aux législatives, porté par la dynamique de la présidentielle. L’extrême droite se dit prête, en cas de victoire, à s’allier à des "patriotes" pour former une majorité et escompte former un groupe parlementaire (15 députés minimum), voire obtenir plusieurs dizaines d’élus.

Le mode de scrutin, majoritaire à deux tours, lui a toujours été défavorable et le Front National n’avait pu faire élire que deux députés en 2012.

(Source AFP)

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