France : Nicolas Sarkozy se met à dos magistrats et policiers

En tentant de se payer magistrature et police, Nicolas Sarkozy cherchait à transmettre à son électorat le message de fermeté qui le distingue tant et qui, par le passé, avait fait sa fortune.

France : Nicolas Sarkozy se met à dos magistrats et policiers
Qui aurait cru un instant qu’en pleine ébullition égyptienne dont l’issue incertaine fait peser une lourde menace sur la stabilité dans le monde, la question pourrait être reléguée au second plan dans l’actualité française.

Personne. Sauf les pyromanes qui viennent d’allumer une étrange et dangereuse guerre entre d’un côté le pouvoir politique qu’incarne Nicolas Sarkozy et de l’autre côté la magistrature et les policiers. Cela s’est passé lorsque, suite au meurtre de la jeune Laetitia Paerrais à Pornic en Loire-Atlantique,

Nicolas Sarkozy avait pointé «les dysfonctionnements graves» des services de police et de justice qui ont permis la remise en liberté sans suivi de Tony Meilhon, le principal suspect. Ne se contentant pas de critiquer, Nicolas Sarkozy voulait des responsables à jeter en pâture à une opinion indignée par les fréquents cas de multirécidives criminelles. Sauf que cette fois et par une étrange alchimie de l’actualité, l’affaire entre Nicolas Sarkozy et la magistrature ne se limita pas aux aigreurs et aux escarmouches que le pouvoir politique s’échange régulièrement avec le judiciaire sur fond de séparation non achevée.

La magistrature comme l’éducation nationale sont régulièrement décrites comme des bastions de la gauche. Les magistrats ont violemment répliqué aux critiques de Nicolas Sarkozy. D’abord en se livrant à une grève qui ne veut pas dire son nom à travers le report massif d’audiences non urgentes, ce qui va augmenter davantage l’engorgement des tribunaux. Ensuite en dénonçant l’absence de moyens que leur impose le gouvernement au nom d’une politique de rigueur et d’économie. Les magistrats ont par ailleurs décidé de dégainer l’arme lourde contre les pratiques de Nicolas Sarkozy.

Une de leurs plus brillants représentants Philipe Bilger écrit sur son blog cette charge d’une violence inédite : «Il me semble en effet que ces polémiques ne ressemblent pas aux précédentes, qu’elles sont révélatrices d’un climat démocratique préoccupant où les institutions ne se respectent plus, où la suspicion des uns s’affronte au mépris des autres et où, en définitive, la paix de la République est quotidiennement troublée».

La nouveauté dans ce bras de fer entre Nicolas Sarkozy et la magistrature, c’est que les policiers se sont montrés solidaires avec les magistrats. Il faut rappeler que les syndicats de police viennent à peine de sortir d’une douloureuse séquence avec Nicolas Sarkozy. Des CRS avaient entamé une grève de la faim pour protester contre la fermeture de leur compagnie notamment à Marseille. Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur a été contraint de faire marche arrière pour éviter l’image d’une police qui se laisse mourir à petit feu pour protester contre les choix du gouvernement.

Le ministre de l’Intérieur n’est pas encore sorti d’affaire puisqu’un fonctionnaire de police à Libourne en Gironde a entamé une grève de la faim samedi pour protester contre la fermeture du commissariat de la ville. En tentant de se payer magistrature et police sur un cas de récidive avéré, Nicolas Sarkozy cherchait à transmettre à son électorat le message de fermeté qui le distingue tant et qui, par le passé, avait fait sa fortune. Sauf que cette fois le coup semble dévier et rater le coche, sans doute à cause du dosage de la charge et du contexte politique et sécuritaire dans lequel il a été émis.

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