France : L’ »instance de dialogue » avec l’islam s’installe le 15 juin avec ses 150 membres

Alors que les Républicains organisaient hier un débat à huis-clos sur l’islam, en présence notamment du président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, et de ses vice-présidents, Anouar Kbibech et Chamseddine Hafiz, malgré la décision du CFCM de boycotter cette réunion, le gouvernement français s’apprête quant à lui à donner naissance à son « Instance de dialogue » avec l’islam, dont l’installation est prévue le 15 juin prochain.

Par Hasna Daoudi

Ce lancement, à connotation très politique, sera chapeauté par le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes, Bernard Cazeneuve. Pas moins de 150 membres composeront cette Instance qui va devoir se réunir deux fois par an.

L’annonce de sa création le 25 février dernier, en conseil des ministres, par le ministre de l’intérieur, présageait d’une volonté d’agir vite pour instaurer un dialogue "serein" sur l’islam après les polémiques récurrentes liées aux phénomènes de radicalisation et au départ des djihadistes français pour grossir les rangs de l’Etat islamique, sans oublier les attentats contre Charlie Hebdo qui se sont accompagnés d’une poussée d’actes islamophobes.

Cette future instance peut être considérée comme un terrible désaveu du Conseil français du culte musulman, lequel est censé représenter les musulmans de France, être à leur écoute et répondre à leurs attentes.
En se rendant samedi dernier au conseil d’administration du CFCM, Bernard Cazneuve a voulu rassurer ses membres. "Rien ne se fera sans le CFCM et tout se fera avec le CFCM", a-t-il assuré, en les appelant toutefois à « développer des anticorps pour se défendre contre les critiques ».

Il est vrai que si l’instance accueille les membres du bureau exécutif du CFCM et les présidents des CRCM (les conseils régionaux), les fédérations musulmanes, les grandes mosquées, les imams de grandes mosquées, les aumôniers nationaux, des associations engagées (Secours populaire et le Comité contre l’islamophobie, etc), des confréries soufies et des personnalités qualifiées en feront aussi partie.

Ces composants auront à discuter autour de thématiques précises : gestion et sécurisation des lieux de culte, lutte contre les actes islamophobes, statut et formation des cadres religieux, l’image de l’islam dans les médias, pratiques rituelles. Chaque thématique aura un rapporteur+un cadre administratif. "Cette instance doit permettre de dialoguer avec tous ceux qui peuvent jouer un rôle pour consolider l’expression en France d’un islam fidèle aux valeurs de la République", avait déclaré au Monde le ministre de l’Intérieur.

Cette base élargie de dialogue avec l’islam inquiète le CFCM même s’il s’en défend et veut croire qu’il en sera le pivot. Certains membres du CFCM y voient même un "nouveau coup tordu" du pouvoir.

"On m’a imposé le CFCM et maintenant on veut nous imposer cette instance", a confié le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. "L’Etat n’a pas vocation à organiser le culte musulman ! Il doit fixer des objectifs et des principes. Les objectifs, c’est dialoguer, avoir des imams et des aumôniers formés, notamment aux principes de la République", avait déclaré Bernard Cazeneuve comme pour couper court aux critiques à venir. Réponse le 15 juin.

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