France: Hollande presse le pas à deux ans de la présidentielle

Son impopularité perdure, l’opposition l’attaque durement. Peu importe, le président socialiste français François Hollande voit l’économie frémir, bat le pavé et laisse sa compagne apparaître à son côté: autant de signes d’un candidat déjà en campagne pour sa réélection en 2017.

"Je ne suis pas dans une course qui n’aurait aucun sens aujourd’hui": le chef de l’Etat, 60 ans, a beau s’en défendre, tout indique qu’il accélère le pas à deux ans de l’échéance.

Depuis plusieurs semaines, il sillonne la France à un rythme soutenu, cédant régulièrement à la tentation du bain de foule. "Une main, un selfie, un bisou, ça fait trois voix", glissait récemment un de ses conseillers.

Parallèlement, l’actrice Julie Gayet, avec qui sa liaison a été révélée par la presse début 2014, commence à s’inscrire par petites touches dans le paysage présidentiel. Jeudi, une première, elle est apparue à une cérémonie officielle.

Sur le plan politique, François Hollande, qui avait augmenté les impôts en début de mandat pour tenter de résorber les déficits, a remis sur la table la nécessité de "redistribuer" les fruits de la croissance.

Misant sur un rebond (1 à 1,2% de croissance prévu pour 2015), il vient d’annoncer des coups de pouce pour les retraités et les fonctionnaires "d’ici 2017" et une baisse des impôts sur le revenu pour neuf millions de ménages.

"On a l’impression que le président joue au Père Noël", a critiqué Laurent Wauquiez, un des responsables de l’opposition de droite. "Il fait tourner le moulinet à promesses fiscales en espérant que ça pourra le sauver pour l’élection présidentielle de 2017".

"Crescendo"

Le chemin reste toutefois ardu: à l’heure actuelle, 73% des Français ont une mauvaise opinion du président, à qui ils reprochent d’avoir échoué à résorber le chômage (10% en moyenne, 24% pour les jeunes). Conscient de l’enjeu, François Hollande a assuré à plusieurs reprises qu’il n’aurait pas la légitimité pour briguer un second mandat si le chômage ne baissait pas d’ici là.

Avec ou sans progrès sur le front de l’emploi, "il ira à la présidentielle", estime toutefois le politologue Stéphane Rozès, patron de la société Cap (Conseils, analyses et perspectives) pour qui "personne à gauche ne peut incarner d’alternative à François Hollande".

Même le populaire Premier ministre Manuel Valls ne s’opposera pas à lui, pronostique l’analyste. "Il sait que s’il déclenchait un affrontement, les Français seraient légitimistes et choisiraient le chef de l’Etat".

"De façon crescendo, il construit l’évidence de sa candidature en maximisant la symbolique de sa fonction présidentielle", fait valoir cet expert.

Pour ce faire, il multiplie les discours lors de commémorations historiques, est très interventionniste sur la scène internationale et se pose en défenseur de la planète à l’approche d’une conférence mondiale sur le climat à Paris qui lui apportera une aura particulière en cas de réussite.

Sur le chemin, il pourrait profiter de l’euphorie populaire autour de l’Euro de football qui se déroulera en France en 2016 pour gagner des points de confiance.

En face, l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy, qui avait échoué à se faire réélire en 2012, se prépare au match retour. François Hollande, qu’il accuse régulièrement de "médiocrité", est sa cible numéro un.

Malgré ses efforts, il n’est toutefois pas certain d’être en lice en 2017.

Empêtré dans des affaires judiciaires, M. Sarkozy doit aussi se débarrasser dans son camp de rivaux de moins en moins enclins à ressouder les rangs autour de lui. Dans la perspective de la prochaine présidentielle, il est devancé aujourd’hui de quasiment dix points par l’ancien Premier ministre Alain Juppé dans le coeur des sympathisants de droite et du centre, selon un récent sondage.

En 2017, l’objectif prioritaire tant de François Hollande que de Nicolas Sarkozy, si ce dernier triomphe d’une primaire programmée fin 2016, sera d’être au deuxième tour de la présidentielle. Car tous les sondages convergent pour dire que Marine Le Pen, chef de file du Front national (extrême droite), pour sa deuxième candidature, fera partie du duel final.

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