Feux en Amazonie, guerre commerciale: la tension monte d’un coup à la veille du G7 en France

La tension est brusquement montée vendredi à la veille du G7 de Biarritz, avec des Européens mobilisés face aux incendies en forêt amazonienne – Emmanuel Macron accusant son homologue brésilien d’avoir "menti" sur ses engagements – et une guerre commerciale USA-Chine qui repart de plus belle.

Devant "l’inaction de Jair Bolsonaro face au changement climatique, y compris sur les incendies", la France dira "non" au traité de libre-échange controversé entre l’UE et le Mercosur, a fait savoir le président Macron à la veille du sommet du G7 de Biarritz, qui se tient de samedi à lundi dans le Sud-Ouest de la France.

L’ampleur des feux qui sévissent dans la plus vaste forêt tropicale de la planète – quelque 700 nouveaux feux enregistrés en 24 heures jeudi – inquiète au plus au point la communauté internationale, qui a passé outre aux accusations d’ingérence "colonialiste" du président brésilien et a décidé de se saisir du problème.

Cette "situation d’urgence aiguë" doit figurer au menu des discussions du G7, a réclamé la chancelière allemande Angela Merkel. "Il s’agit d’une crise internationale", a tweeté le Premier ministre britannnique Boris Johnson, en se disant prêt à apporter "toute l’aide nécessaire".

Les conseillers diplomatiques des chefs d’Etat sont mobilisés pour tenter de faire émerger au G7 "des initiatives concrètes pour l’Amazonie", a assuré Paris.

Sous pression, le président Bolsonaro "penchait" vendredi pour l’envoi de l’armée afin d’enrayer la propagation de ces incendies, qui ont suscité une série de manifestations à travers le monde.

Le sort du "poumon de la planète" s’ajoute à la liste des sujets de friction qui seront abordés par les Sept entre le dîner d’ouverture samedi et la conférence de presse finale lundi après-midi.

De l’Iran au commerce en passant par le Brexit, les lignes de fracture sont en effet multiples, entre un Donald Trump imprévisible, déjà en campagne pour sa réélection, un Boris Johnson volontiers provocateur, et les cinq autres leaders.

Flairant le danger après le coup de théâtre du précédent sommet au Canada – le président américain refusa d’en signer les conclusions qu’il avait pourtant acceptées – Emmanuel Macron a biffé d’un trait l’exercice de la déclaration finale, autrefois passage obligé de ce groupe de "discussions informelles" initié en 1975 par le français Valéry Giscard d’Estaing, après le premier choc pétrolier.

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Quarante ans plus tard, les Sept sont malmenés par un multilatéralisme en berne, l’émergence de nouvelles puissances comme la Chine et un nationalisme décomplexé jusqu’au coeur des démocraties occidentales.

Emmanuel Macron, déterminé à se poser en médiateur dans le grand chamboulement mondial, ne désespère pas d’arracher quelques concessions à Donald Trump sur le nucléaire iranien, dossier explosif numéro un qui menace d’embraser le Moyen-Orient.

Pour tenter de sauver cet accord moribond, toujours "soutenu fortement" par Boris Johnson selon une source diplomatique britannique, le président français a reçu vendredi le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. Les propositions de M. Macron "vont dans la bonne direction, mais il est clair qu’il reste du chemin", a salué ce dernier à l’issue de la rencontre, lors d’un entretien avec l’AFP.

Paris tente d’obtenir un allègement des sanctions américaines visant le pétrole iranien en échange d’un retour de l’Iran au plein respect de l’accord et de nouvelles négociations avec Téhéran sur son programme balistique et son influence régionale.

La partie s’annonce serrée pour le président français, Donald Trump lui ayant sèchement reproché de parler un peu trop "pour les Etats-Unis".

Le président américain ne devrait guère se montrer plus amène sur la taxation des géants du numérique portée par la France. Un régime fiscal "hautement discriminatoire" et "totalement contreproductif", contre lequel il entend bien militer à Biarritz, selon un responsable américain.

Guerre commerciale ravivée

"N’oubliez pas que le prochain sommet se tiendra aux Etats-Unis en 2020, qui est l’année de l’élection présidentielle américaine. Donc c’est dans l’intérêt de Donald Trump d’avoir un sommet qui réussit (..) et prépare le terrain pour le prochain", nuance Rohinton Medhora, président du Centre for International Governance Innovation, think-tank canadien.

L’autre dossier qui est soudainement devenu brûlant à quelques heures du sommet est celui de la guerre commerciale entre les USA et la Chine.

Donald Trump a promis vendredi de répondre avec force aux nouveaux droits de douane imposés par Pékin, une escalade qui a fait tousser les Bourses mondiales, sur fond de craintes pour la croissance mondiale.

"Je répondrai aux droits de douane de la Chine cet après-midi", a lancé M. Trump dans une série de tweets à la tonalité particulièrement agressive.

La Russie, exclue de ce forum depuis l’annexion de la Crimée en 2014, pourrait aussi faire parler d’elle, Donald Trump préconisant – à contrecourant de la prudence de ses pairs – sa réintégration. "C’est bien plus sensé d’avoir la Russie", a-t-il assuré mardi.

Durant trois jours, les leaders du monde seront confinés dans un palace, loin de la société civile dont ils se veulent à l’écoute, et l’élégante station balnéaire de Biarritz, rendez-vous des têtes couronnées au XIXe siècle, sera transformée en camp retranché.

Plus de 13.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans toute la région, où un grand rassemblement d’opposants au sommet fait craindre des violences samedi d’Hendaye à Irun (Espagne).

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