Festival Gnaoua et Musiques du Monde: La musique en héritage
Envoyée spéciale à Essaouira Ghislaine Badri
Il est un endroit en Afrique qui a su attirer des milliers de festivaliers du monde entier durant près d’un quart de siècle. Essaouira, ville ancestrale et berceau des musiciens Gnaoua, a encore une fois accueilli ses hôtes dans son écrin de rêve. C’est un soleil radieux qui a brillé pendant ses 3 jours du 21 au 23 juin sur la ville de Mogador et permis à ses visiteurs de profiter des terrasses et des plages de la ville des alizées. « Il y a une prise de conscience actuel que, dans le monde, la musique peut être salvatrice. Il y a actuellement des groupes de gens qui voyagent pour des festivals. Selon l’OCDE 35% des américains voyagent en fonction du programme culturel de la ville de destination. Le Festival a réussi le pari de fidéliser des mélomanes marocains et étrangers. » Nous confie Neila Tazi la fondatrice du festival de Gnaoua.
« C’est un carrefour qui réunit des gens qui sont géographiquement loin, pour les rapprocher en un seul endroit afin de vivre un moment de communion et partager les mêmes passions. Il y a une montée du repli identitaire et la xénophobie dans le monde, la musique permet ce rapprochement pour combattre tous ces fléaux » poursuit-elle.
Afin d’ouvrir le bal de cette 21ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde ou l’art tagnaouite a encore une fois créé la surprise avec des fusions improbables, qui ont emporté la foule dans des danses endiablés, le Maalam Hamid El Kasri a accueilli pour sa première fusion le groupe américain Snarky Puppy, qui a remporté 4 Grammy Awards en 2014, 2015, 2016, et 2017, véritable consécration au Pays de l’Oncle Sam. Les jeunes américains ont mêlé avec brio leur trompettes, piano, et guitare électrique aux instruments traditionnels du grand Maâlem qui a préalablement sélectionné avant concert une partie de leurs morceaux pouvant être compatibles avec la musique Gnaoua. « Nous avons plusieurs influences dans le monde, nous écoutons de la Samba, de la musique brésilienne, de la musiques des aborigènes d’Australie, mais également de la musique africaine. Nos influences sont très éclectiques. La musique Gnaoua est magique. Nous sommes heureux d’être au Maroc, nous serons de retour très prochainement » nous a confié Michael League, leader du groupe américain.
Des fusions au diapason
Côté Fusion, le groupe de Jazz Holland / Hussain / Potter a créé une réelle émulation, ainsi que le Maâlem Abdeslam Alikane et Pepe Bao. L’Afrique a également été célébrée avec Africa United et la fusion entre le Maâlem Hassan Boussou et le Benin International Musical (BIM). Hossam Gania, fils du défunt Mahmoud Guinéa a offert au public souiri, une incroyable fusion avec Shabaka Hutchings, Nguyên Lê, David Aubaile et Omar El Barkaoui. La clotûre du festival a été célébrée par des femmes de talent, Fatoumata Diawara la malienne, qui a récemment participé à l’album « Lamomali » de Mathieu Chedid, et Asma Hamzaoui, qui a pu faire vibrer pour la première fois son guembri sur la scène de Moulay El Hassan, et marquer au fer rouge la première participation féminine d’une femme « Maâlem » au Festival Gnaoua d’Essaouira.
En partenariat avec le Forum des droits de l’Homme pour la 7eme fois consécutive, sous le signe cette année, de “l’impératif d’égalité”, des tables rondes ont pu être organisé avec le soutien d’ONU Femmes, qui a rassemblé des participantes du Maroc, de Tunisie, du Mali, du Niger, de France et du Liban. La première séance a permis une clarification des notions d’égalité, de parité, et de discrimination en présence de Rabéa Naciri. Les sessions suivantes ont notamment traité des voies de la réforme et des défis à venir en matière d’égalité entre hommes et femmes.