Étiqueter la viande halal, un casse-tête en vue

Étiqueter la viande halal, un casse-tête en vue
La proposition émane du président-candidat. Nicolas Sarkozy s’est dit favorable à "l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage", samedi lors d’un meeting à Bordeaux. Cette suggestion intervient en pleine polémique sur la viande halal alimentée notamment par Marine Le Pen et le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Europe 1 a enquêté sur la possibilité d’un étiquetage de toutes les viandes abattues de façon rituelle en France.

Pas d’étiquette "halal" ou "casher"

Techniquement, la proposition de Nicolas Sarkozy est réalisable. Les professionnels assurent qu’il est tout à fait possible d’étiqueter la viande à la sortie des abattoirs. Mais il serait plutôt envisagé d’annoter la mention "abattu sans étourdissement" plutôt que "halal" ou "casher".

Les acteurs de la filière viande ne seraient toutefois pas favorables à la mise en place de l’étiquetage des viandes abattues de façon rituelle. C’est ce qu’affirme la députée UMP, Françoise Hostalier, qui a déposé une proposition de loi en faveur de l’étiquetage avant de retirer son texte sous la pression du gouvernement.

L’abattage "pas tout à fait" dans les normes ?

"J’ai cru comprendre aujourd’hui que personne n’avait vraiment intérêt à ce que l’on fasse toute la lumière sur les filières et sur la réalité de cet abattage", assure l’élue du Nord. Aujourd’hui, explique Françoise Hostalier au micro d’Europe 1, la viande abattue de manière rituelle ne serait "pas tout à fait dans les normes par rapport à ce qu’ils sont supposés consommer".

Des accusations réfutées catégoriquement par le président de la filière viande, Dominique Langlois. Et ce, même si les professionnels partagent visiblement un certain embarras sur le sujet.

En cas de mise en pratique de cette proposition UMP, les abatteurs et les producteurs de viandes pourraient, de toutes façons, être perdants. Car aujourd’hui, toutes les viandes sont mélangées à la sortie de l’abattoir, que la bête soit tuée de façon rituelle ou non ce qui permet d’écouler tous les morceaux et d’éviter les pertes.

L’étiquetage, synonyme de pertes ?

En effets, certains consommateurs religieux n’achètent pas certaines parties de la viande. C’est le cas par exemple des juifs qui ne consomment que la partie avant du boeuf, la poitrine et les épaules… le tout casher. En cas d’étiquetage, les professionnels pourraient donc ne plus vendre toute la partie arrière de l’animal, comme le filet ou encore le rumsteak.

"Il y aura un problème financier, un problème de perte et qu’il faudra bien récupérer quelque part", assure à Europe 1 un boucher de la Manche qui préfère rester anonyme pour aborder la question. Les bouchers "ont peur qu’il leur reste de la viande sur les bras. Ou il faudra qu’ils la bradent", explique-t-il.

Dans les faits, les consommateurs de viandes casher pourraient être les premières victimes de l’étiquetage : ils pourraient voir les prix s’envoler pour compenser les pertes.

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