Etats-Unis: les secrets des cyber-attaques d’Obama contre l’Iran

Un livre révèle l’ampleur des attaques informatiques de Washington contre le programme nucléaire de Téhéran, sujets qui relèvent en principe du secret d’Etat. Un scoop qui tombe à pic pour la Maison-Blanche.

Etats-Unis: les secrets des cyber-attaques d
quelques mois d’une élection présidentielle à l’issue incertaine, l’administration Obama n’hésite pas à communiquer, semble-t-il, sur des sujets qui relèvent en principe du secret d’Etat. La Maison-Blanche ne le fait pas ouvertement, bien sûr, mais la publication du livre-enquête de David E. Sanger, le 5 juin, ne saurait être l’effet du hasard (1). Fruit de dix-huit mois d’entretiens avec des officiels et des experts, le journaliste du New York Times y décrit, avec un luxe de détails surprenant, le programme américain de cyber-attaques contre l’Iran.

Etats-Unis: les secrets des cyber-attaques d
Manifestement bien informé, Sanger confirme le partenariat entre Washington et les services de renseignement militaires israéliens, dont l’unité 8 200 est spécialisée dans le cyberespace. Né de leur coopération, le ver informatique Stuxnet a provoqué, en 2010, l’autodestruction d’un cinquième des centrifugeuses iraniennes, destinées à enrichir l’uranium. Au fil des pages, le journaliste dévoile la genèse de cette arme redoutable au sein d’un programme d’attaques informatiques, "Olympic Games" (Jeux olympiques), initié en 2006 par George W. Bush et intensifié ensuite par Barack Obama. Entre autres révélations, Sanger explique comment Stuxnet a été introduit dans l’installation nucléaire de Natanz grâce à une simple clef USB, confiée à un Iranien imprudent: "Il y a toujours un idiot qui oublie de se méfier du gadget électronique qu’il a dans la main", indique un officiel américain.

"Les Israéliens sont allés trop loin"

Pas de chance: à l’été 2010, le virus se répand dans l’ordinateur d’un ingénieur de Natanz, puis sur Internet, où il se réplique. Ainsi exposé, le code est disséqué par les experts informatiques du monde entier, qui lui trouvent une parade. Qui est à l’origine de cet accident de parcours ? "Ça ne peut être que les Israéliens, aurait dit Joe Biden, le vice-président, en apprenant la nouvelle. Ils sont allés trop loin." Depuis lors, d’autres virus ont été mis au point, semble-t-il, et les offensives ont repris de plus belle.

Inédit dans l’histoire des Etats-Unis, le programme de cyberattaques inquiéterait Barack Obama: le président craint que des hackers, des terroristes ou d’autres Etats tirent parti de son existence pour justifier des actions semblables menées contre les systèmes informatiques aux Etats-Unis. Ses préoccupations n’ont pas empêché la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, de reconnaître pour la première fois, le 23 mai, que ses services altèrent le contenu des sites Web gérés par des proches d’Al-Qaeda. A l’avenir, selon Sanger, l’administration envisage d’utiliser ces techniques contre la Corée du Nord, voire la Chine.

Les journalistes normalement constitués se réjouiront d’une telle avalanche de révélations, dont ils feront leur miel. Reste à comprendre pourquoi, à Washington, les plus hauts représentants de l’Etat semblent avoir approuvé le principe de "fuites". Qu’elles soient dans l’intérêt des Etats-Unis paraît douteux. En revanche, elles servent l’image de Barack Obama, candidat à sa propre succession. C’était sans doute une condition nécessaire à la diffusion de ces informations. Etait-elle suffisante?

(1) Confront and Conceal. Obama’s Secret Wars and Surprising Use of American Power (Confronter et cacher. Les guerres secrètes d’Obama et l’utilisation surprenante de la puissance américaine, non traduit en français, édité par Crown Publishing Group).

(Express)

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