Espagne : dernière ligne droite pour éviter un nouveau scrutin

Le socialiste Pedro Sanchez a dix jours devant lui pour éviter à l’Espagne un quatrième scrutin en quatre ans. Une hypothèse qui se renforce alors qu’il n’a toujours pas le soutien de la gauche radicale de Podemos.

La date limite est le 23 septembre. Si le chef du gouvernement n’obtient pas la confiance des députés d’ici là, le parlement sera dissous et des élections convoquées pour le 10 novembre.

Arrivé au pouvoir en juin 2018 à la faveur d’une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, Sanchez a remporté les dernières élections fin avriL, mais ne dispose pas de la majorité absolue.

Les voix de Podemos, mais aussi de plusieurs petits partis régionalistes, lui sont donc indispensables pour obtenir la confiance de la chambre et entamer un nouveau bail à la Moncloa, résidence des chefs de gouvernements espagnols.

En juillet, le socialiste, qui expédie les affaires courantes, avait déjà échoué à être reconduit au pouvoir par les députés, faute d’accord avec le parti de gauche radicale qui exige d’entrer au gouvernement.

Sanchez avait fini par accepter cette idée à contre-coeur, mais la formation dirigée par Pablo Iglesias avait jugé les postes proposés insuffisants.

Un mois et demi plus tard, les discussions sont dans l’impasse.

Podemos réclame toujours de siéger au conseil des ministres, ce dont ne veulent plus entendre parler les socialistes qui proposent un simple programme commun.

"La confiance minimale (nécessaire) à la constitution d’un gouvernement de coalition stable n’existe pas", a martelé vendredi la porte-parole du gouvernement, Isabel Celaa.

Face au refus des socialistes, Iglesias a expliqué vendredi avoir proposé aux socialistes un "gouvernement de coalition temporaire" en vue d’adopter un budget. Podemos pourrait ensuite en sortir si Sanchez concluait à l’échec de cette formule, tout en continuant à faire partie de la majorité à la chambre.

Balayée par Sanchez, cette solution a été qualifiée "d’absurde" par la porte-parole du gouvernement.

"Il est plus qu’improbable qu’ils parviennent à un accord", juge Ernesto Pascual, professeur de sciences politiques à l’Université ouverte de Catalogne.

– Les partis chez le roi lundi –

Malgré cela, le roi Felipe VI va recevoir de nouveau lundi et mardi les chefs des partis représentés à la chambre pour tenter de trouver une issue au blocage. En tant que chef de l’Etat, il doit donner un mandat formel à Sanchez pour représenter sa candidature devant les députés, si un accord se dessine.

"Même s’il reste de la marge pour sceller un accord, de nouvelles élections sont désormais probables, vu l’intransigeance des deux partis", jugent les analystes d’Eurasia Group dans une note. Et "les directions des deux partis ne voient pas un nouveau scrutin comme particulièrement risqué".

Les socialistes ont le vent en poupe dans les sondages et Podemos aurait moins à perdre en cas de nouveau scrutin que s’il soutient le gouvernement sans y faire son entrée.

La formation de gauche radicale pourrait en effet "se retrouver sur la touche au fil du temps, et perdre plus de terrain au profit des socialistes dans la lutte pour le leadership à gauche", note Eurasia Group.

Quoi qu’il en soit, les socialistes ne seraient pas en mesure, selon les enquêtes, de parvenir à la majorité. Ce qui laisserait entier le problème de la reconduction au pouvoir de Sanchez qui reviendrait à la case départ.

L’Espagne vit une situation d’instabilité politique depuis que le bipartisme a volé en éclats en 2015 avec l’entrée en force au parlement de Podemos et des libéraux de Ciudadanos. Une cinquième force d’envergure nationale, l’extrême droite de Vox, est entrée à la chambre lors du dernier scrutin.

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