Espagne: appels à la démission du ministre de l’Intérieur juste avant les élections

L’opposition espagnole a réclamé mercredi la démission du ministre de l’Intérieur, quatre jours avant les législatives, en l’accusant d’avoir cherché à utiliser ses services pour compromettre des indépendantistes en Catalogne.

Dans des enregistrements mis en ligne depuis mardi sur internet par le journal de gauche catalan Publico, le ministre conservateur Jorge Fernandez Diaz et le responsable de la lutte anticorruption en Catalogne, Daniel de Alfonso, passent en revue les indices de corruption qui pourraient être utilisées pour compromettre des dirigeants indépendantistes catalans.

Ces révélations, en pleine campagne électorale pour les législatives de dimanche, ont poussé toute l’opposition à exiger la démission de Fernandez Diaz, proche du chef du gouvernement Mariano Rajoy, favori des sondages.

"Nous voyons un ministre de l’Intérieur, sensé nous protéger tous, qui utilise sa fonction pour enquêter sur des rivaux politiques", a dénoncé Pablo Iglesias, leader du parti anti-austérité Podemos.

Le dirigeant socialiste Pedro Sanchez a accusé le ministre "d’utiliser l’appareil d’Etat pour lutter contre ses adversaires politiques et non pour lutter contre la corruption dans son propre parti". Le parti libéral Ciudadanos, né en Catalogne, a également demandé la démission de Fernandez Diaz.

"C’est une sale guerre menée depuis les égoûts de l’Etat", a protesté le président indépendantiste de la Catalogne, Carles Puigdemont.

Deux syndicats de la police nationale et de la Garde civile ont joint leurs voix à celles des opposants politiques pour réclamer le départ de Jorge Fernandez Diaz pour "une utilisation des ressources de l’Etat à des fins partisanes absolument inacceptables".

Les enquêtes sur les affaires de corruption en Catalogne se sont multipliées depuis que les dirigeants de cette riche région du nord-ouest de l’Espagne se sont prononcés pour l’indépendance.

M. Fernandez Diaz s’est présenté en victime d’"une conspiration" destinée à "le détruire" et annoncé une enquête pour chercher l’origine de la fuite de ces conversations.

Le ministre a reconnu s’être entretenu avec Daniel de Alfonso mais assuré que les conversations diffusées avaient été tronquées. Leurs entretiens ont eu lieu en octobre 2014, quelques semaines avant un referendum symbolique sur l’indépendance organisé par le gouvernement séparatiste catalan.

M. De Alfonso exposait au ministre de l’Intérieur différents indices de délits commis par des dirigeants indépendantistes, tout en relevant qu’ils étaient très "faibles". Le ministre lui assurait cependant qu’ils pouvaient faire "beaucoup de mal" politiquement.

Dans une conversation, le ministre affirmait en outre: "le président du gouvernement (Mariano Rajoy) est au courant".

Les deux hommes ont cependant assuré mercredi que M. Rajoy n’avait rien su de leurs échanges jusqu’à cette semaine.

Le chef du gouvernement a pour sa part affirmé que "quelqu’un essaie de tirer profit des derniers jours de la campagne électorale pour pêcher en eaux troubles". Il s’est dit satisfait des "explications claires et catégoriques", selon lui, apportées par son ministre de l’Intérieur et M. de Alfonso.

(AFP)

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