Espagne: Pedro Sanchez décidé à retirer Franco de son mausolée

Le nouveau gouvernement socialiste espagnol est décidé à retirer les restes du dictateur Francisco Franco de son mausolée près de Madrid pour en faire un lieu de "réconciliation" dans un pays où le débat reste entier sur le travail de mémoire.

"Il y a déjà eu un accord à la chambre des députés" sur le retrait de la dépouille située dans "la valle de los Caidos" (vallée de ceux qui sont tombés) et "ce que nous allons faire en tant que gouvernement, c’est chercher la formule pour le mettre en pratique", a déclaré lundi la vice-présidente de l’exécutif Carmen Calvo.

Une large majorité de députés – 198 sur 350 – l’avaient demandé en vain l’an dernier à l’ancien gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.

L’objectif est de convertir le mausolée "en lieu de réconciliation (…) et non d’apologie de la dictature", a souligné de son côté Oscar Puente, porte-parole du Parti socialiste (PSOE).

Arrivé au pouvoir il y a un peu plus de deux semaines, Pedro Sanchez – qui pourrait aborder le sujet lundi soir dans le cadre de sa première interview télévisée – a donc érigé la question des restes de Franco en dossier prioritaire.

Un complexe monumental

Vainqueur d’une sanglante guerre civile (1936-1939), Francisco Franco a été chef de l’Etat espagnol de 1939 à 1975.

La "Valle de los Caidos" est un complexe monumental commémorant la guerre civile qu’il avait imaginé et fait construire, à 50 km à l’est de Madrid.

Il y est inhumé près de l’autel de la basilique surmontée d’une croix de pierre de 150 mètres de haut. Sa tombe toujours fleurie voisine avec celle du fondateur du parti fascisant de La Phalange, Jose Antonio Primo de Rivera.

Au nom d’une prétendue "réconciliation" nationale, Franco y avait par ailleurs transféré les restes de plus de 33.000 victimes – nationalistes et républicaines – de la guerre civile. Généralement sans même en avertir les familles et alors qu’entre 1941 et 1959, ce complexe fut en partie construit par des prisonniers républicains, contraints au travail forcé et parfois morts sur le chantier.

En avril, des experts avaient inspecté ce mausolée controversé pour préparer les exhumations de deux victimes de la guerre d’Espagne enterrées près de lui, les premières sur ordre de la justice.

Ce déplacement des restes de Franco mais aussi de ceux de Primo de Rivera était au centre d’une proposition de loi socialiste présentée en décembre dernier alors que le PSOE était dans l’opposition.

Il était aussi question dans ce texte de la création d’une "commission de la vérité" ou de l’annulation des décisions de justice prises durant la dictature pour des raisons politiques.

Sanchez avait présenté cette proposition dans un lieu symbolique près de Valence où plus de 2.000 républicains auraient été fusillés. "Si on ignore un passé inconfortable, on ne peut pas construire un futur confortable", avait-il alors dit.

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