Erdogan porte plainte contre l’hebdomadaire Le Point pour « insulte au chef de l’État »

Visé par le président turc Recep Tayyip Erdogan, l’hebdomadaire français Le Point a assuré vendredi par la voix de son directeur qu’il « ne lâcherait rien ».

La une du Point publié cette semaine qualifie le président turc d’"éradicateur" et demande: "va-t-on le laisser massacrer les Kurdes (et menacer l’Europe)?".

Suite à cette une, l’avocat de M. Erdogan, Hüseyin Aydin, a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général d’Ankara pour "insulte au chef de l’État". Cette plainte vise le directeur du magazine Etienne Gernelle ainsi que le rédacteur en chef de la rubrique "International", Romain Gubert.

Dans un édito publié sur le site du magazine, M. Gernelle juge que le président turc poursuit Le Point "pour crime de lèse-majesté". "Recep Tayyip Erdogan a décidément un problème avec la liberté", écrit le directeur du magazine.

"Nous ne retirons pas un mot de ce que nous avons écrit", insiste M. Gernelle. L’enquête du Point évoque "le nettoyage ethnique" à l’encontre des Kurdes de Syrie et affirme que le pouvoir turc a "pactisé avec d’anciens de Daech et d’Al-Qaïda qui se chargent pour lui des sales besognes".

M. Gernelle rappelle que dans un précédent numéro (en mai 2018), le magazine avait qualifié M. Erdogan de "dictateur". A l’époque des affiches du Point avec cette une avaient été arrachées et des kiosquiers menacés. "Notre journal avait reçu des menaces de mort directes", rappelle-t-il encore.

"Erdogan a fait emprisonner de nombreux journalistes en Turquie et pense peut-être que ses pulsions de censure peuvent s’exercer aussi dans des pays où la presse est libre", poursuit le journaliste.

"L’hubris du maître d’Ankara connaît visiblement peu de limites. Il sera déçu: nous ne lâcherons rien", conclut-il.

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