Endettement américains et problème du montant exact des réserves algériennes

Il semble que l’on s’oriente vers un minima entre les républicains et les démocrates aux USA. La crise de l’endettement des Etats largement évoqué au niveau mondial en ce mois de juillet 2011, et notamment le risque de l‘insolvabilité de l’économie américaine première puissance économique mondiale, pose la problématique de l’urgence d’une nouvelle régulation de l’économie mondiale. Ce risque d’insolvabilité, combinée avec l’actuelle crise européenne serait catastrophique pour l’économie mondiale et entrainerait une récession généralisée pire que celle d’octobre 2008.

Endettement américains et problème du montant exact des réserves algériennes
Suite à la crise d’octobre 2008, les trois espaces les plus puissants du monde, à savoir les Etats-Unis d’Amérique, l’Europe et la Chine ont lancé des plans de relance importants. Si l’on s’en tient à la Chine et aux USA, le Conseil des affaires d’Etat a annoncé, lors de sa réunion du 9 novembre 2008, un plan budgétaire d’environ 590 Mds USD pour relancer l’économie chinoise, (source Bulletin économique Chine n°7 novembre 2008). Pour le Plan de relance économique des États-Unis de 2009 s’établit ainsi Infrastructure et science : 111 milliards de dollars US. Pour les infrastructures un plan additionnel de 50 milliards de dollars est nécessaire selon le président Barack Obama ce qui donnerait 405 milliards de dollars US (Source FED US décembre 2009). Pour l’Europe, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait proposé, le 26 novembre 2008, un plan de relance d’un montant de 280 milliards de dollars.

Cela explique les tensions budgétaires actuelles depuis fin 2010 tant aux USA en Europe qu’en Chine. Ainsi, le PIB mondial est évalué selon les statistiques du FMI en 2010 à 61 963 milliards de dollars US et selon la FED américaine, la dette publique US dépasse les 14.251 milliards de dollars, soit 97% du PIB pour une population estimée à 310 millions. Pour l’ensemble de la Communauté économique européenne des 27, selon Eurostat, la dette publique représente 80% du PIB, soit 12.885 milliards de dollars pour une population d’environ 500 millions. USA et Europe 12% de la population mondiale estimé à 6,8 milliard d’âmes en 2010, concentrent 27136 de milliards de dollars de dettes publiques soit 45% du PIB mondial. Cela démontre une concentration excessive du PIB près de 50% pour une population ne dépassant pas 900 millions d’habitants. Pour la Chine, pourtant deuxième puissance économique mondiale depuis 2010, pour une population de 1,33 milliard d’habitants, le PIB totalise seulement 5745 milliards de dollars, soit 9,5% du PIB mondial, qui connait une explosion de sa dette publique et un retour à l’inflation, 5,4% au premier semestre 2011 selon les statistiques officielles chinoises.

Entente entre démocrates et républicains au USA

Pourtant selon les informations qui me parviennent de Washington, il semble que l’on s’oriente vers un minima entre les Républicains et les Démocrates. Comme il y eu forcément une entente minimale entre les pays européennes afin d’éviter que la crise grecque fasse boulle de neige. Mais est-ce des solutions durables ou du replâtrage ne s’étant pas attaqué à l’essence de la crise ? C’est qu’à court terme, l’économie américaine restera entre 2011/2015/2020 la première puissance économique mondiale, le dollar représentant 60% des transactions mondiales contre 27% pour l’euro. La politique de dépréciation du dollar correspondant à une politique volontaire de baisse du dollar afin d’essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle des USA de leur endettement mondial libellé en dollars.

Une forte remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales supposerait une forte hausse des taux d’intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier, la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d’accélération des faillites des entreprises. Au vu des perspectives tant de l’économie mondiale que de l’économie américaine, il est attendu que la Fed relève dans un proche avenir son taux d’escompte mais d’une manière graduelle comme cela a été le cas récent pour la Banque centrale européenne en avril 2011.

De gros dividendes pour les placements américains

Cette politique monétaire des USA est intiment lié au fonctionnement actuel du système monétaire international qu’il s’agit impérativement de réformer. Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose vis à vis de l’avenir de l’économie américaine car nous sommes à l’ère de la mondialisation. Sur les 7 000 milliards de dollars de placements américains dans le monde reçoivent plus de dividendes de leurs investissements à l’étranger que le pays ne paie d’intérêts sur leurs dettes, les avoirs américains à l’extérieur étant essentiellement composés d’actions alors que les créances étrangères correspondent à des titres obligatoires sur le Trésor américain. La différence de rendement entre des actions et des obligations explique que les États-Unis restent, en dépit de leurs déficits, des investisseurs bénéficiaires. Par ailleurs, à la différence de bon nombre de pays, les USA peuvent monétiser leur dette, faire tourner la planche à billets du fait du dollar comme monnaie internationale représentant 60% des transactions mondiales en 2010 contre 27% pour l’euro. Pourtant, sa refonte s’impose pour éviter des turbulences cycliques préjudiciables à l’avenir de l’économie mondiale comme en témoigne la bipolarisation croissante entre le Nord et le Sud et les remous sociaux également croissants au niveau de la zone Nord.

L’Algérie, l’urgence d’une meilleure gestion des réserves de change

L’Algérie est interpellée pour avoir une vision stratégique face à ces mutations mondiales, pour une transition à travers une libéralisation maitrisée grâce à l’Etat régulateur stratégique en économie de marché. Une transition qui traine en longueur du fait de rapport de forces contradictoires pour le partage de la rente, depuis au moins 1986. Cela explique notamment la difficulté de passage d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. A court terme, l’urgence est une gestion active et raisonnée de la gestion des hydrocarbures et des réserves de change pour éviter une mauvaise utilisation. En effet, 98% des exportations sont le fait des hydrocarbures libellées en dollars, rente éphémère à la différence de la rente agricole, et important 70/75% dont 60% en euros des besoins des ménages des entreprises. Comme il y a urgence d’une gestion active des réserves de change déposées à l’étranger (80% selon la déclaration officielle du ministre des Finances, soit plus de 125 milliards de dollars) sur un total déclaré officiellement par la Banque d’Algérie de 157 milliards de dollars fin 2010 et fin juillet 2011 de 160 milliards de dollars.

Opacité sur les réserves de change

Je précise qu’avoir des réserves de change est une condition nécessaire pour sécuriser l’investissement et surtout éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar par rapport aux devises où existe une corrélation d’environ 70% entre la valeur actuelle du dinar et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures. Autrement, le dinar flotterait à plus de 300 dinars un euro. Mais ce n’est pas une condition suffisante d’un développement durable et surtout provenant d’une rente, qui constitue solution de facilité de la dépense monétaire sans impacts pouvant conduire au syndrome hollandais avec une corruption généralisée. D’où l’urgence d’une bonne communication de la Banque d’Algérie, seule habilitée à gérer les réserves de change et les transferts de capitaux, relevant de la présidence de la République et non du ministre des Finances. Autrement, la population ne comprendrait pas ce divorce entre l’importance de ses réserves et son pouvoir d’achat en diminution.

Selon les récentes publications internationales, l’Algérie aurait 176,63 milliards de dollars de réserves de change, soit une différence énorme de 16,63 milliards de dollars par rapport aux déclarations officielles qui pose la question sur l’opacité de l’information et donc sur l’urgence d’une réaction de la Banque d’Algérie et d’un large débat national entre Algériens.

Professeur Abderrahmane Mebtoul

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite