En visite historique à Cuba, Hollande plaide pour la levée de l’embargo

Venu à Cuba pour défendre les intérêts français et européens, le président François Hollande a plaidé lundi pour la levée de l’embargo économique américain, qui selon lui « a tant nui » au développement de l’île communiste.

Premier chef d’Etat occidental à se rendre à Cuba depuis l’annonce du dégel entre l’île et les Etats-Unis, il était reçu en milieu d’après-midi par le père de la révolution cubaine Fidel Castro, à la résidence de ce dernier.

La rencontre, annoncée par l’Elysée juste quelques dizaines de minutes à l’avance, devait se dérouler à huis clos, selon la présidence française.

François Hollande s’était dit "disponible" pour rencontrer le leader Maximo, retiré du pouvoir depuis 2006 mais dont la voix se fait encore régulièrement entendre, par des tribunes d’opinion dans la presse locale.

Le dirigeant français, qui a souligné que son déplacement s’inscrivait "dans un contexte particulièrement important mais encore incertain", dans un discours à l’Université de La Havane, a clairement pris position contre l’embargo américain qui pénalise l’économie de l’île depuis 1962.

La France fera son possible pour contribuer à ce que "l’ouverture puisse être confirmée, que les mesures qui ont tant nui au développement de Cuba puissent être enfin annulées, supprimées", a-t-il déclaré.

"Pour que Cuba puisse être pleinement un pays présent dans le monde, l’embargo doit être levé parce que c’est la condition pour que que nous puissions tous travailler dans l’intérêt commun de nos deux peuples", a-t-il répété ensuite lors d’un forum économique, appelant La Havane à assouplir les "règles" pour faciliter les échanges et l’implantation d’entreprises françaises dans l’île.

– Un ‘coup’ diplomatique –

François Hollande a rappelé que chaque année depuis 1991, Paris vote en faveur de la résolution demandant la levée de cet embargo à l’Assemblée générale de l’ONU.

Depuis l’annonce choc du dégel avec Cuba fin 2014, le président démocrate Barack Obama a demandé au Congrès, contrôlé par les républicains, de travailler à la levée de l’embargo car lui seul a la prérogative institutionnelle de le faire.

Les mesures qu’il a prises, assouplissant l’embargo dans la limite de ses pouvoirs, sont jugées insuffisantes par La Havane.

En tournée pendant cinq jours dans les Caraïbes, le président français doit rencontrer lundi soir son homologue Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel dès 2006.

"J’arrive ici à Cuba avec beaucoup d’émotion car c’est la première fois qu’un président de la République française vient à Cuba", avait-il déclaré à son arrivée dimanche soir.

Avec cette visite, il réalise un "coup" diplomatique en devançant les autres chefs d’Etat occidentaux séduits par les perspectives d’ouverture à Cuba.

Paris entend capitaliser sur des liens resserrés il y a un peu plus d’un an par une visite sur l’île de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Depuis, la France s’est positionnée en première ligne dans le rapprochement entre l’UE et la Havane, que les deux parties souhaitent concrétiser d’ici à la fin de l’année.

– Plusieurs contrats signés –

Au sujet des droits de l’homme, thème sur lequel le régime cubain est critiqué, M. Hollande a indiqué qu’il serait "nécessairement évoqué".

Son premier geste lundi matin a d’ailleurs été de remettre la légion d’honneur au cardinal Jaime Ortega, qui a notamment joué un rôle de médiation pour favoriser la libération de prisonniers politiques en 2010.

"Je parlerai des droits de l’homme car chaque fois qu’il y a des prisonniers politiques, chaque fois qu’il y a des manquements à la liberté, la France ne reste pas bouche cousue", a-t-il insisté.

A la mi-journée, M. Hollande a inauguré le Palais Gomez, nouveau site de l’Alliance française à La Havane, où sont inscrits plus de 10.000 élèves.

Dans la foulée, il a improvisé une promenade sur le Prado (ou Paseo de Marti), une des avenues les plus anciennes de La Havane. Malgré la forte chaleur, de nombreux Cubains ont accouru pour le saluer et prendre des photos sous l’oeil vigilant mais bienveillant d’un double cordon de sécurité cubain et français.

Dixième partenaire économique de l’île, la France veut profiter de cette visite pour renforcer sa présence sur le marché cubain et ne pas laisser passer le train de l’ouverture économique.

Plusieurs contrats avec des entreprises françaises (Accor, CMA CGM…) ont été signés à cette occasion, mais M. Hollande affirme vouloir surtout profiter de l’influence de Cuba sur le continent pour développer ses liens avec l’Amérique latine. Il y a "une volonté de la France de multiplier les échanges culturels" mais "aussi économiques avec l’Amérique latine", a-t-il relevé.

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