Emmanuel Macron à Rome pour écrire une nouvelle page avec l’Italie

L’Italie reçoit mercredi le président français Emmanuel Macron pour une visite éclair dont le but est de relancer les relations franco-italiennes après une année de tensions avec les leaders de la précédente coalition populiste au pouvoir.

Le président français ne passera qu’une soirée à Rome, pour un entretien avec son homologue Sergio Mattarella et un dîner de travail avec le chef du gouvernement Giuseppe Conte, récemment reconduit à la tête d’un nouvel exécutif où le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) est cette fois associé au Parti démocrate (centre gauche). Mais, même court, ce déplacement "est important sur le fond et le symbolique", affirme la présidence française.

Son objectif est, pour les deux pays voisins, de mettre fin à une guerre des mots, voire d’invectives, ayant marqué les 14 mois durant lesquels l’alliance entre la Ligue souverainiste de Matteo Salvini et les inclassables 5 Étoiles a dirigé la péninsule.

Cible privilégiée de M. Salvini, Emmanuel Macron avait été notamment fustigé par l’ex-ministre de l’Intérieur qui avait dénoncé l’"arrogance" et l’"hypocrisie" du président français en matière d’immigration.

Le dirigeant du M5S, Luigi Di Maio, avait lui provoqué une grave crise diplomatique en février lorsqu’il était allé rencontrer en France quelques représentants mineurs des "gilets jaunes", un mouvement de protestation sociale, émaillé de violences.

Dans cette guerre des mots, Emmanuel Macron avait de son côté lancé des piques contre le gouvernement italien en faisant de Matteo Salvini son "opposant principal" ou en fustigeant la "lèpre nationaliste".

A Rome, Emmanuel Macron ne rencontrera pas Luigi Di Maio, devenu ministre des Affaires étrangères.

– ‘repartir du bon pied’ –

"C’est une visite pour tourner la page d’un chapitre difficile et démontrer qu’il est possible de repartir du bon pied, sans qu’il y ait des séquelles des tensions passées", souligne Giampiero Gramaglia, spécialiste des questions européennes à l’Institut pour les Affaires internationales de Rome (IAI).

Selon lui, les Italiens "apprécieront sans doute le fait que ce soit le président français qui se rende en visite à Rome", une indication "qu’à l’Elysée il n’y a pas de rancoeur".

Avec M. Conte, les sujets de discussions ne vont pas manquer, de l’agenda européen avec l’arrivée de la nouvelle Commission à la Libye, en passant par les relations économiques.

Alors que l’Italie négocie en Europe l’organisation d’un système de "répartition automatique" des migrants secourus en Méditerranée, pour sortir du cas par cas, M. Conte devrait évoquer avec le dirigeant français une série de demandes de l’Italie venant en complément.

Parmi elles figurent les sanctions pour les pays européens qui refuseraient d’intégrer le dispositif, la répartition non seulement des demandeurs d’asile mais aussi des migrants économiques, la rotation des ports de débarquements qui devrait aussi intégrer des ports français.

Fermé aux ONG secourant les migrants, les ports italiens se sont entrouverts ces derniers jours en laissant notamment débarqué sur l’île de Lampedusa 82 migrants de l’Ocean Viking.

De son côté, Emmanuel Macron a durci le ton lundi sur l’immigration, appelant les parlementaires de sa majorité et son gouvernement à la fermeté pour éviter d’être "un parti bourgeois" qui ignore l’opinion de classes populaires séduites par l’extrême droite.

Un message qui trouvera un écho en Italie, pays qui s’est lontemps senti isolé pour affronter la crise migratoire. Et où le parti souverainiste de Matteo Salvini, après avoir fait imploser la précédente coalition, et quitté le pouvoir, est encore très populaire dans le pays et crédité de 34% des intentions de vote.

M. Salvini avait défendu comme ministre de l’Intérieur une politique anti-migrants intransigeante.

Au cours du dîner, MM. Conte et Macron pourraient également aborder les dossiers économiques délicats, comme ceux de l’alliance entre les chantiers navals français STX et italien Fincantieri, ou de la tentative de rapprochement avortée entre Fiat Chrysler et Renault.

Autre sujet épineux susceptible de continuer à créer des tensions, le conflit libyen, sur lequel les approches et les interlocuteurs privilégiés sont différents pour chacun des deux pays.

Même si, selon l’expert Giampiero Gramaglia, "au cours des derniers mois, le gouvernement italien a opéré un changement de cap en tentant de dialoguer avec le général Haftar", l’homme fort de l’est libyen, qui est aussi soutenu par Paris.

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