Electeurs issus de l’immigration : pourquoi une telle abstention ?

Le spectre de l’abstention plâne de nouveau sur le second tour des élections régionales dans les quartiers sensibles: conséquence du désenchantement des électeurs issus de l’immigration.

Electeurs issus de l
Les nouveaux records d’abstention enregistrés lors du premier tour des régionales en France, notamment dans les banlieues, suscitent bien des interrogations. Pourquoi, la ville des Mureaux dans les Yvelines a-t-elle affiché un taux d’abstention record de 71,2% le 14 mars?
Comment expliquer que le taux de participation ait varié de 10 à 20% selon les bureaux? Même scénario à Trappes avec 69,7% d’abstention. C’est également le cas pour Sartrouville. Le phénomène ne se limite pas à l’Ile-de-France. Il sévit à Lyon, Toulouse, Montpellier et dans la plupart des grandes villes, avec parfois jusqu’à trente points d’écart entre les bureaux de vote situés dans des zones urbaines sensibles et ceux des quartiers plus riches.
Certes ce désintérêt peut s’expliquer par le caractère régional du scrutin, il marque toutefois une profonde indifférence de la part de populations confrontées à des processus de ségrégation sociale et ethnique. Elles ne perçoivent plus l’intérêt d’aller voter, s’estimant exclues du système économique et par conséquent du système politique.
L’exemple de Clichy-sous-Bois est le plus parlant. Plusieurs candidats, issus du monde associatif n’ont pas réussi à convaincre les jeunes de se rendre aux urnes. La participation dans cette ville a chuté de 26 points par rapport à 2004. A Gennevilliers, la situation n’est guère enviable à la cité du Luth: 70% d’abstention.
Ces chiffres résultent également de l’absence notoire des candidats sur le terrain. Peu d’entre eux vont à la rencontre des électeurs dans les quartiers sensibles. Une réalité que déplorent les représentants associatifs. Les projets électoraux restent méconnus faute d’une campagne électorale de proximité.
L’effondrement de la participation s’explique aussi par la déception des électeurs face à l’action du gouvernement. Le débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson, les thèmes de l’insécurité et de l’immigration repris par la droite n’ont fait que renforcer le Front National, et ont conduit à un désenchantement des français issus de la diversité. Cette indifférence est perceptible chez ceux qui n’ont même pas pris la peine de s’inscrire sur les listes électorales. Ce qui porte à croire que le nombre d’inscrits ne correspond pas à la réalité de la sociologie des quartiers. Selon Luc Bronner, journaliste au Monde et auteur de «La loi du ghetto» (Editions Calmann-Lévy), les chiffres de l’abstention sous-estiment cette crise démocratique. Le problème réside dans la ghettoïsation.
«Les politiques menées en direction de ces quartiers et la rénovation urbaine ne permettent pas de l’enrayer. L’absentions est un prolongement de cette ghettoïsation».
La question est à présent de savoir si le recours au système électoral a encore un sens pour cette partie de la population qui rejette les institutions. Pour reprendre leurs propos, les jeunes disent qu’«ils ne calculent plus la politique».

atlasinfo

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